SpaceX a lancé avec succès dimanche le satellite franco-américain Jason 3 de mesure de l’élévation des océans, clé pour mieux comprendre le réchauffement climatique, mais échoué à poser en douceur le premier étage du lanceur Falcon 9 sur une barge en mer.
«Le premier étage est bien venu sur la barge mais il semble que l’atterrissage a été brutal», écrit SpaceX dans un tweet.
«Malheureusement, le premier étage ne se trouve pas posé en position verticale sur la barge mais la bonne nouvelle c’est que la mission principale (le lancement du satellite Jason 3) se déroule bien», a dit un commentateur.
Le satellite Jason 3 s’est en effet séparé du deuxième étage du lanceur comme prévu et a été mis sur orbite 56 minutes après le lancement de la base aérienne Vandenberg en Californie (ouest) à 18H42 GMT.
Quelques minutes plus tard, le satellite a déployé ses panneaux solaires.
Avec deux ans de retard, la mise sur orbite de Jason 3, construit par le groupe français Thales Alenia Space, va accroître la précision des mesures océanographiques (niveau des mers, puissance des vents, hauteur des vagues et direction des courants…) en temps quasi-réel, permettant d’améliorer les prévisions météorologiques.
Jason 3 est le fruit d’une coopération entre le CNES (Centre national d’études spatiales), l’EUMETSAT (European Organization for the Exploitation of Meteorological Satellites), la Nasa et la NOAA (Agence américaine océanique et atmosphérique).
Situé sur une orbite à 1.336 kilomètres d’altitude, il mesurera l’élévation des océans avec une précision inférieure à quatre centimètres, avait précisé Jim Silva, le responsable de la mission à la NOAA avant le lancement.
«Sa mission première est de déterminer la circulation océanique et le niveau des mers», avait-il ajouté, précisant que le coût de Jason 3, son exploitation pendant cinq ans et le lancement, se monte à 180 millions de dollars.
Comparativement à ces deux prédécesseurs, également construits en France, Jason 3 pourra mesurer la vitesse des vents et la force des courants jusqu’à un kilomètre des côtes contre dix kilomètres actuellement. Cela permettra d’améliorer les opérations de recherche et de sauvetage en cas de naufrage.
Les données collectées par Jason seront aussi utiles aux pêcheries, à la navigation maritime et aux recherches sur l’impact des activités humaines sur les océans.
Laury Miller, responsable scientifique de Jason 3 à la NOAA, souligne que «l’élévation des océans est le symptôme le plus évident du réchauffement planétaire qui guide les prévisions d’ouragans, de réapparition du courant chaud du Pacifique El Nino et d’autres phénomènes météorologiques extrêmes».
«Plus de 90% de la chaleur piégée à la surface de la planète se concentre dans les océans qui sont peut-être de ce fait le facteur le plus important dans le changement climatique», a-t-il expliqué devant la presse.
Il s’agissait de la quatrième tentative de faire poser sans encombres le premier étage de Falcon 9 sur une plateforme en mer.
Cette tentative n’a pas pu être retransmise en direct, la barge étant trop éloignée de la côte, a indiqué SpaceX qui a promis des images un peu plus tard.
Toutefois, le 22 décembre dernier, la société du milliardaire Elon Musk, avait réussi à la première tentative à faire atterrir en douceur le premier étage de Falcon 9 sur le sol près de Cap Canaveral (Floride) onze minutes après un lancement.
Hans Koenigsmann, responsable du tir de SpaceX, avait expliqué vendredi que la société californienne n’avait pas pu tenter un nouvel atterrissage sur la terre ferme car elle n’a pas obtenu l’autorisation des autorités.
SpaceX estime que la récupération du premier étage de façon régulière devrait permettre de nettement réduire les coûts de lancement ce qui bouleverserait le marché de la mise sur orbite des satellites et de capsules transportant des astronautes ou des touristes orbitaux.
Dimanche a marqué le deuxième vol du lanceur de SpaceX depuis l’explosion d’une fusée Falcon 9 en juin dernier après son décollage de Cap Canaveral.
Il s’agissait alors du premier revers pour SpaceX après dix-huit lancements réussis dont six sur douze prévus pour livrer du fret à la Station spatiale internationale pour la Nasa.
AFP