Derrière les paillettes et le show, le patinage artistique est un sport qui peut être vraiment dangereux comme en a fait l’expérience la Française Gabriella Papadakis, victime d’une commotion cérébrale à l’entraînement.
Papadakis, championne du monde et d’Europe en titre en danse sur glace avec Guillaume Cizeron, en lice cette semaine à l’Euro-2016 à Bratislava, s’entraînait tranquillement sur la glace de Montréal, le 28 août dernier. Elle a commis une banale faute de carre (lame qui se bloque) alors qu’elle était presque à l’arrêt et c’est la chute. Sur la tête.
Verdict: commotion cérébrale avec des fonctions du cerveau altérées. Il lui aura fallu trois mois pour se rétablir.
«Une patinoire est un milieu hostile, il y a du danger partout», explique à l’AFP l’ancienne championne d’Europe en danse, Nathalie Péchalat, qui s’était fracturé le nez lors d’un entraînement.
«Etre dans un environnement froid fait qu’il faut énormément s’échauffer, une blessure tendineuse ou musculaire peut vite arriver. Il y a le danger des lames, le danger des acrobaties. S’ajoute à cela la vitesse de déplacement. Et puis tu n’es pas seul sur la glace. Tu peux prendre quelqu’un dans la tête, ou vouloir l’éviter et provoquer une chute et te blesser. C’est la jungle en fait la glace!», raconte-t-elle.
Les exemples sont légion. Et selon Nathalie Péchalat, «on en voit de plus en plus souvent et c’est inquiétant».
En juin dernier, l’entraîneur allemand Michael Huth, a été victime du même type d’accident que Papadakis. Alors qu’il montrait un pas à ses élèves, il est tombé sur la tête. Il a été opéré d’urgence.
«Il a failli mourir», raconte l’ancien patineur Stanick Jeanette, expliquant qu’une chute quasi à l’arrêt est nettement plus dangereuse qu’à grande vitesse où «la glissade atténue le choc».
«Moi, je me suis assommé deux fois et j’ai perdu connaissance», dit-il.
Pour Jeanette, «la hantise des entraîneurs est le choc entre deux patineurs».
En novembre 2014, le champion olympique japonais, Yuzuru Hanyu, a percuté à l’échauffement un autre patineur lors d’une compétition. Sa tête a cogné la glace. Face à l’absence de séquelle, il parla plus tard de «miracle».
«On a tendance à dire qu’il n’y a pas souvent d’accidents mais quand il y en a, ils sont importants», relève Jeannette.
Dans les duos, ça peut faire vraiment très mal.
En 2007, la Canadienne Jessica Dubé a eu la joue coupée par la lame de patin de son partenaire Bryce Davison. Bilan: Quatre-vingts points de suture.
Lors des Championnats 2011, Eric Radford a pris un coup de coude de sa partenaire Meagan Duhamel. Nez cassé. Mais le titre a été assuré.
«Les patineurs patinent de plus en plus vite, ils font des choses de plus en plus compliquées», tente d’expliquer Romain Haguenauer, coach de Papadakis.
Marielle Volondat, responsable kiné à l’Insep, tempère: «Ca arrive, c’est embêtant, c’est inquiétant mais ce n’est pas une généralité. Le patinage présente des risques mais pas plus que le ski».
Nathalie Péchalat, elle, en appelle, à plus de prévention. «Au foot américain, les mecs ont une procédure à suivre. Nous, il faut qu’on commence à faire vraiment gaffe. On n’est pas sensibilisé à ce genre de chutes».
AFP