L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a appelé les gouvernements à appliquer une classification aux films dans lesquels on consomme du tabac, afin de dissuader les enfants et les adolescents de commencer à fumer des cigarettes ou à consommer d’autres formes de tabac.
Selon le rapport de l’OMS sur les films sans tabac (‘Smoke-Free Movies Report – From evidence to action’), qui en est à sa troisième édition depuis 2009, les films dans lesquels on consomme des produits du tabac ont incité des millions de jeunes dans le monde à commencer à fumer.
« Alors que la publicité pour le tabac est de plus en plus strictement réglementée, le cinéma est l’un des derniers canaux par lesquels des millions d’adolescents sont exposés sans restriction à des images de consommation de tabac », déclare le Dr Douglas Bettcher, Directeur du Département Prévention des maladies non transmissibles à l’OMS.
Certaines mesures concrètes, notamment la classification des films comportant des scènes de consommation de tabac et la diffusion préalable d’avertissements antitabac, peuvent empêcher les enfants du monde entier de découvrir ces produits, de sombrer dans l’addiction tabagique et de connaître le handicap et la mort qui lui sont associés.
« La consommation de tabac dans les films peut constituer une forme efficace de promotion des produits du tabac », ajoute le Dr Bettcher. « Or, le droit international impose aux 180 Parties à la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac d’interdire la publicité en faveur du tabac, la promotion et le parrainage ».
Des études menées aux États-Unis ont montré que, chez les adolescents, 37% des nouveaux fumeurs ont suivi l’exemple donné dans les films. Les Centers for Disease Control and Prevention des Etats-Unis ont estimé qu’en 2014, l’exposition à la consommation de tabac dans les films aurait incité dans ce seul pays plus de six millions d’enfants à devenir fumeurs. Deux millions d’entre eux décèderont de maladies liées au tabac.
En 2014, la consommation de tabac apparaissait dans 44% de l’ensemble des films produits à Hollywood, et dans 36% des films destinés à la jeunesse. Entre 2002 et 2014, de telles images figuraient dans presque les deux tiers (59%) des plus gros succès du cinéma.
De nombreux films produits ailleurs qu’aux États-Unis comportent aussi des scènes de tabagisme. Des enquêtes ont montré que de telles images apparaissent dans les plus gros succès du box-office de six pays européens (Allemagne, Islande, Italie, Pays-Bas, Pologne et Royaume-Uni) et de deux pays d’Amérique latine (Argentine et Mexique). Le rapport indique qu’en Islande et en Argentine, neuf films produits sur dix, y compris des films destinés à la jeunesse, mettent en scène de la consommation de tabac.
Le rapport de l’OMS sur les films sans tabac recommande notamment les mesures suivantes :
+ classification selon l’âge des films où apparaissent des produits du tabac, dans le but de réduire globalement l’exposition de la jeunesse à de telles images;
+ diffusion dans les génériques d’une déclaration où les producteurs attestent qu’ils n’ont rien reçu de valeur de quiconque en échange de la consommation ou de la présence de produits du tabac dans le film;
+ arrêt de la pratique tendant à faire apparaître des marques de tabac dans les films;
+ diffusion obligatoire de messages antitabac avant les films contenant des images de tabac, dans l’ensemble des canaux (cinéma, télévision, Internet, etc.).
Le rapport recommande également d’interdire toute subvention publique aux productions médiatiques faisant la promotion de la consommation de tabac.
Le Dr Armando Peruga, Administrateur de programme de l’Initiative de l’OMS pour un monde sans tabac, explique que plusieurs pays ont pris des mesures pour restreindre la présence d’images du tabac dans les films.
« La Chine a exigé que les films ne montrent pas de scènes de tabagisme ‘excessif’. L’Inde a adopté de nouvelles règles sur les images du tabac et l’apparition des marques dans les films nationaux et importés ainsi que dans les programmes de télévision », a-t-il noté. « Mais nous pouvons et devons en faire plus ».