De toutes les fleurs offertes par les amoureux américains à la Saint-Valentin, neuf sur dix sont importées via l’aéroport de Miami, où la police des frontières scrute très attentivement les bouquets en quête d’éventuels nuisibles cachés entre les pétales.
Leur préoccupation n’est pas qu’un rendez-vous amoureux soit gâché par un insecte, mais la menace que représentent certaines petites bêtes pour l’agriculture.
La première quinzaine de février donne donc lieu à un dispositif spécial permettant aux agents de la police des frontières (CBP) d’examiner un milliard de fleurs et plantes livrées pour le 14 février.
«Je viens juste de trouver une grappe d’œufs sur les feuilles», commente l’un de ces agents, Edward Putland, qui travaille dans une zone réfrigérée pour conserver la fraîcheur des délicats pétales.
Ces œufs trouvés dans une cargaison en provenance du Costa Rica «seront envoyés pour identification à l’USDA», le ministère américain de l’Agriculture, poursuit-il.
«Toutes sortes de nuisibles, d’insectes, de maladies peuvent se trouver dans ces cargaisons, des mites aux lépidoptères en passant par les coléoptères», détaille M. Putland.
«En général, je trouve quelque chose chaque jour, mais parfois c’est quelque chose que nous avons déjà ici, alors nous n’intervenons pas», explique-t-il.
«En revanche, lorsqu’on trouve quelque chose que l’on n’a pas et dont nous ne voulons pas, alors il faut prendre des mesures concernant cette marchandise», poursuit l’inspecteur.
Il s’agira dans ce cas de faire passer des tests et de se débarrasser des végétaux en toute sécurité.
Pour cela, il faut un œil d’expert et une bonne loupe, car la menace peut être de très petite taille.
A la chaîne, tulipes, roses de toutes les couleurs et fleurs exotiques défilent dans des boîtes en provenance principalement de Colombie.
Le pays d’Amérique latine exporte près de 700 millions de fleurs pour la Saint-Valentin aux Etats-Unis, suivi par l’Equateur, le Mexique, les Pays-Bas et le Costa Rica.
Aux côtés d’Edward Putland, sa collègue Wilnette Perez scrute un à un des bouquets de roses rouges, en commençant par les pétales et la tige. Ensuite, elle secoue les fleurs au-dessus d’un papier blanc, dans l’éventualité que des insectes s’en échappent.
La moindre inattention peut avoir des conséquences terribles sur le long terme, met en garde M. Putland.
«Nous ne voulons pas que les agriculteurs aient à gérer un nouvel animal nuisible dans ce pays. Un nuisible peut coûter énormément d’argent à notre agriculture», explique-t-il.
La saison dernière, près de 1.500 cas de maladies ou insectes ont ainsi été identifiés dans les fleurs de Saint-Valentin à l’aéroport de Miami.
La vente des fleurs est une industrie très lucrative aux Etats-Unis, qui rapporte 15 milliards de dollars par an et emploie des milliers de personnes.
«Les espèces envahissantes ont causé à travers le monde des pertes de plusieurs milliards en termes de coûts économiques et environnementaux», affirme Gil Kerlikowske, un commissaire de CBP.
«Le gagne-pain de quelque 200.000 personnes aux Etats-Unis dépend de ces fleurs importées, et 91,5% des fleurs fraîchement coupées arrivent à l’aéroport international de Miami, ce qui lui confère une importante responsabilité», souligne-t-il.
Pour y faire face, 2.400 inspecteurs de la police des frontières travailleront d’arrache-pied jusqu’à dimanche. Avant de trouver un peu de répit en prévision du prochain pic des arrivées florales pour la fête des mères au mois de mai.
AFP