« Vous voyez cet olivier ? Il a plus de mille ans: il a survécu aux guerres, au feu et il se meurt de la xylella», confie Federico Manni, dépassé comme ses confrères oléiculteurs des Pouilles par la maladie qui dessèche ces arbres symboles du sud de l’Italie.

 

Face à cet olivier majestueux mais désormais malade, devant lequel il a fait ses photos de mariage, le jeune porte-parole du comité « La voce dell’ulivo » (La voix de l’olivier) se dit « très pessimiste ».

 

L’olivier est pourtant une espèce des plus rustiques mais face à la bactérie xylella fastidiosa, « je me sens désarmé », affirme à l’AFP l’oléiculteur, propriétaire d’oliviers près de Gallipoli, au cœur du Salento, dans le talon de la Botte. C’est de ce territoire que l’épidémie est partie.

 

Sur la route vers Lecce, plus au nord, les champs d’oliviers se succèdent, façonnant ce paysage millénaire qui produit plus du tiers de l’huile italienne.

 

Mais sur les 10 millions d’oliviers que compte le Salento, beaucoup sont désormais secs, leurs troncs rabougris et leurs branches sans feuille. « Un désastre environnemental », se désole Federico.

 

Depuis plus de deux ans, les Pouilles sont touchées par cette bactérie tueuse qui fait dépérir les végétaux auxquels elle s’attaque et contre laquelle aucun remède n’a encore été trouvé.

 

Au printemps dernier, pressé par l’Union européenne, le gouvernement de Matteo Renzi a lancé un plan d’abattage, ciblant quelque 3.000 oliviers dont le sacrifice devait servir de « cordon sanitaire » pour éviter l’extension de la maladie.

 

Mais, saisie par plusieurs oléiculteurs, la justice a suspendu les abattages.

 

« Notre expert nous a dit qu’il n’y avait pas de certitude absolue que la xylella soit la seule responsable » du dessèchement des arbres, explique à l’AFP le procureur de la République de Lecce, Cattaldo Mota.

 

C’est pourquoi « nous avons voulu empêcher la destruction de l’identité du paysage du Salento, qui est liée à l’olivier », dans l’attente d’approfondissements scientifiques.

 

Une décision locale que le conseil d’Etat, dans un arrêt datant de vendredi, a nuancée: l’abattage des arbres est désormais permis après avoir « au préalable demandé l’accord du propriétaire et lui avoir permis d’effectuer des analyses ».

 

Les autorités italiennes ont levé la semaine dernière « l’état d’urgence xylella », mais la situation reste quand même « des plus préoccupantes », affirme à l’AFP Gianni Cantele, le président régional de la Coldiretti (la principale confédération de cultivateurs, ndlr).

 

Car la maladie, véhiculée par un insecte, « continue à progresser », ajoute-t-il.

 

Propriétaire de 270 hectares à Caprarica di Lecce, à une trentaine de kilomètres au nord de Gallipoli, Pantaleo Piccinno est ainsi de ceux dont les oliviers centenaires, qu’il cultive de façon biologique depuis vingt ans, commencent à être touchés.

 

« Heureusement, la maladie étant progressive, l’arbre continue à produire là où les feuilles sont encore vertes », explique l’oléiculteur, précisant que la maladie « n’a aucune incidence sur la qualité de l’huile ».

 

La production, certes, se poursuit en partie dans les zones peu ou pas infectées mais avec une conséquence sur le prix de l’huile: selon une étude récente réalisée dans sept pays de l’UE, il a augmenté en 2015 de 20% à cause de la crise de la xylella.

 

Pour Gianni Cantele, ce problème phytosanitaire risque à terme de concerner « tout l’arc méditerranéen », car la xylella, déjà repérée en Corse, a également été décelée dans le sud-est de la France.

 

« Le problème est qu’une fois qu’elle s’insère dans un environnement, la xylella est très difficile à éradiquer », d’où l’interdiction pour l’instant de replanter sur des sols a priori contaminés, un vrai problème pour le futur, explique M. Cantele.

 

Le commissaire européen chargé de la Santé et de la Sécurité alimentaire, Vytenis Andriukaitis, « a entendu nos arguments », affirme-t-il, relevant que la Commission européenne semble avoir accordé davantage de temps à l’Italie pour trouver une solution.

 

A demi-mot, les oléiculteurs posent les termes d’un compromis: ils veulent conserver les arbres les plus anciens, le « patrimoine du Salento », et en contrepartie seraient prêts à abattre les plus jeunes à condition qu’on les autorise à replanter.

 

Mais ce qu’ils espèrent avant tout, c’est que la science trouve enfin un traitement.

 

La gorge nouée, Pantaleo Piccinno confie pour sa part qu’il ne souhaite pour rien au monde voir « ce que jamais personne n’avait vu avant: (ses) oliviers mourir ».

 

AFP

 

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