Le sprint final pour arriver à un pacte mondial pour contrer le réchauffement inédit de la planète a été enclenché mercredi à deux jours de la fin de la conférence de Paris avec un projet d’accord soumis aux négociateurs des 195 pays.
« Le texte s’efforce de refléter les compromis naissants », a déclaré Laurent Fabius, le ministre français des Affaires étrangères et président de la COP21, en présentant le nouveau document en séance plénière.
« L’objectif est de nous permettre d’avoir une vision d’ensemble des progrès et de nous concentrer sur les questions politiques encore à régler », a-t-il poursuivi, précisant que le texte a été ramené de 43 à 29 pages et que les « trois quarts des points entre crochets », c’est-à-dire non résolus, avaient été supprimés.
Les équipes de la présidence française et les ministres facilitateurs ayant dirigé depuis dimanche soir les groupes de travail thématiques ont travaillé dans la nuit pour produire le document.
« Nous avons progressé mais il reste encore pas mal de travail », a résumé Laurent Fabius, qui compte toujours sur une adoption finale de l’accord vendredi à 17H00 GMT.
Cet accord doit permettre d’éviter les conséquences les plus dramatiques du dérèglement climatique qui se manifeste déjà par l’aggravation des inondations, des sécheresses, la fonte des glaciers, mettant en péril, dans de nombreuses régions, la production agricole et les ressources marines.
Les ministres vont maintenant analyser le texte avec leurs équipes avant une nouvelle séance plénière en soirée à 20H00 (19H00 GMT). Puis une probable nuit de négociations.
« Il va falloir évaluer le niveau d’ambition du texte car si la méthode de travail, saluée par tous, est bonne, mais que l’accord n’est pas à la hauteur, ce ne sera pas du tout satisfaisant », avait prévenu dès le matin Matthieu Orphelin de la Fondation Nicolas Hulot, une ONG.
« La nuit va être très longue », a prédit James Fletcher, ministre de l’Energie de Sainte-Lucie et l’un des facilitateurs des groupes de travail thématiques,.
« Les prochaines 48 heures vont être difficiles », a estimé Prakash Javadekar, le ministre indien de l’Environnement.
Si les discussions s’intensifient à Paris entre ministres, les chefs d’Etat, présents à Paris au premier jour de la COP, continuent à se parler. Le président américain Barack Obama a appelé mardi Dilma Rousseff, la présidente brésilienne, puis mercredi le Premier ministre indien Narendra Modi. L’Inde, quatrième pollueur mondial, est un pays clé des négociations.
Un compromis fait encore défaut sur des sujets clés, comme l’a souligné Laurent Fabius, citant les financements, « le niveau d’ambition de l’accord » et la «différenciation » des efforts entre pays émergents, développés et en voie de développement.
Parmi les questions en suspens: quels objectifs de long terme pour permettre une réduction drastique des émissions de gaz à effet de serre et une économie bas carbone? Quand revoir les objectifs d’émissions des Etats, qui sont à ce jour insuffisants pour limiter la hausse de la température en deçà 2°C par rapport à l’ère pré-industrielle? Comment garantir la transparence des actions des nations?
Autre sujet majeur de friction: l’aide financière aux pays du Sud pour faire face au réchauffement dont ils sont les premières victimes. Comment la comptabiliser (prêts, dons, public, privé) et quels pays doivent contribuer?
Soucieux d’apporter une réponse à cette question qui pourrait bloquer les discussions, John Kerry, le secrétaire d’Etat américain, a annoncé mercredi le doublement de l’aide américaine d’ici 2020 pour l’adaptation des pays au dérèglement climatique (alertes météo, digues, nouvelles pratiques agricoles, etc.). En 2014, cette aide s’est élevée à 430 millions de dollars.
Les pays développés ne démordent pas de leur volonté de voir d’autres nations, dont le niveau de vie s’est beaucoup amélioré, devenir des donateurs. Cela vise des pays du Golfe, la Corée du Sud, le Brésil, etc.
L’accord de Paris doit définir un cadre général à l’action des pays pour les 15 à 20 prochaines années, qui seront décisives pour l’avenir de la planète.
Il doit donner un coup d’accélérateur à la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre, responsables du réchauffement, qui passe par le développement des énergies renouvelables et l’abandon progressif des énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz) et une gestion différente des forêts et des terres agricoles.
AFP