L’idée selon laquelle le VIH serait particulièrement doué pour survivre et s’adapter aux mutations a reçu une nouvelle confirmation. Une étude de chercheurs canadiens et chinois a révélé jeudi que le virus du sida pouvait développer rapidement une résistance à la technologie prometteuse de modification génétique CRISPR/Cas9, également connue sous le nom de « couteau suisse moléculaire ».
Ces conclusions, publiées dans le journal américain Cell Reports, montrent que le CRISPR/Cas9 pourrait avoir besoin de quelques mises au point supplémentaires avant de pouvoir constituer une solution efficace contre le virus VIH.
Lorsque le virus VIH entre dans une cellule, son génome d’ARN est converti en ADN et devient ainsi intégré à l’ADN cellulaire, de sorte que le CRISPR/Cas9 pourrait être programmé pour cibler une séquence d’ADN et purger l’ADN infecté.
La nouvelle étude a utilisé cette thérapie au « couteau suisse moléculaire » pour éliminer une souche de VIH-1 de l’ADN cellulaire, et découvert que les mutations ainsi provoquées pouvaient bien inhiber la réplication virale, mais que certaines généraient également une résistance inattendue, ou virus rescapé.
« Lorsque nous séquençons l’ARN viral du virus VIH rescapé, nous avons la surprise de constater que la majorité de ces mutations (…) ne résultent pas d’erreurs de la transcriptase réverse du virus, mais sont provoquées par le système cellulaire de jonction d’extrémités non homologues lors de la réparation de l’ADN brisé », explique Chen Liang, directeur de recherche au sein du Jewish General Hospital au Canada.
« Certaines mutations sont très petites, ne touchant qu’un seul nucléotide, mais cette mutation change la séquence de sorte que le Cas ne peut plus la reconnaître. Ces mutations n’affectent pas le virus, de sorte que ces virus résistants peuvent encore se reproduire », explique Chen Liang, également professeur de médecine associé du Centre sur le sida de l’université McGill.
Cette étude résulte d’un effort collaboratif entre des chercheurs de l’université McGill et de l’université de Montréal au Canada, et l’Académie chinoise des sciences médicales et l’École de médecine de Peking en Chine.
Cette conclusion est une mise en garde pour ceux qui espèrent utiliser le CRISPR/Cas9 comme outil de lutte contre le virus, selon les chercheurs.
Ils ont proposé plusieurs stratégies susceptibles de surmonter cette limite, consistant par exemple à cibler plusieurs points avec le CRISPR/Cas9 ou à utiliser des enzymes en plus du Cas9.
Une fois une solution trouvée, la difficulté suivante sera d’identifier des moyens de livrer le traitement aux patients, a déclaré M. Liang.
« Le CRISPR/Cas9 apporte un nouvel espoir de trouver un traitement, pas seulement pour le VIH-1, mais aussi pour beaucoup d’autres virus », a-t-il dit.
« Nous avons une longue route à faire pour suivre cet objectif, et nous aurons peut-être encore beaucoup de barrières et d’obstacles à franchir, mais nous sommes confiants dans le fait que nous finirons par réussir », a-t-il ajouté.
XINHUA