Difficile de dire si son nom lui a porté chance… ou pas: le « Vendredi 13 », légendaire voilier de course, laissé à l’abandon pendant près de vingt ans à Bordeaux, reprend vie grâce à une poignée de passionnés bien décidés à lui faire regoûter la mer.

Lorsque l’association bretonne « Rêve de sens » entame en septembre 2015 les travaux de rénovation du mythique bateau, abandonné depuis 1997 devant la base sous-marine de Bordeaux, il fait bien triste mine: il n’a plus ni mâts, ni quille, des souris y ont élu domicile, des déchets en tous genres l’encombrent et l’eau de pluie a inondé l’habitacle…

Qu’elle semble loin l’époque flamboyante où le navire, construit en 1972 à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), faisait « la Une » des journaux. Il est alors le plus grand trois mâts (39,13 mètres) jamais construit pour une course en solitaire.

Le cinéaste Claude Lelouch, qui a participé au financement, veut d’ailleurs faire un film sur ce navire promis aux plus grandes victoires. Las! Lors de la Transat anglaise (Ostar) de 1972 le navigateur Jean-Yves Terlain, concepteur du navire, arrive en … deuxième position derrière Alain Colas. En 1976, Yvon Fauconnier reprend la barre. Blessé, il doit abandonner…

Mais dès 1975, une autre vie commence pour le voilier, qui contribuera à sa gloire. Pour payer le bateau, Terlain et son épouse le font aménager pour du « charter » (croisière pour riches touristes) aux Antilles.

Eddie Barclay, Johnny Halliday, Joe Dassin, Michel Sardou… Pendant quinze ans, le show-business se presse sur le pont, tout comme la crème des skippers, Eric Tabarly, Titouan Lamazou, Olivier de Kersauzon, Florence Arthaud…

« Il était au départ de toutes les courses, les navigateurs s’y retrouvaient car il y avait de la place », raconte Bertrand Quentin, 56 ans, propriétaire d’un chantier naval à la Trinité-sur-Mer (Morbihan) et à la tête de la poignée de bénévoles, bretons pour la plupart, mobilisés sur le chantier.

– Que la saga continue –

Pourtant, comme une star déchue, le « Treize » a bien failli mourir sur un parking bordelais, d’autant que des « rumeurs mettent en doute l’authenticité du voilier. On parle de maquette, de moule… », explique Bertrand Quentin.

En 1994, trop coûteux à entretenir pour ses propriétaires, le navire est offert au Conservatoire international de la plaisance de Bordeaux ouvert dans l’ancienne base sous-marine allemande de la Seconde guerre mondiale. Mais le musée ferme en 1997 et le bateau est livré à tous les vents. Seuls les mâts sont mis à l’abri.

« C’est un bateau qui m’a toujours fait rêver », explique Bertrand Quentin, qui a déjà rénové en 2010 le « Côte d’Or II », dernier trimaran de Tabarly, pour justifier ce pari fou.

Pour le récupérer, l’association a dû toutefois répondre à un appel d’offres de la mairie de Bordeaux, mais c’est finalement l’entrepreneur local et mécène Norbert Fradin qui remporte la mise — au total une quarantaine de bateaux dont le « Vendredi 13 » — dans la perspective de l’ouverture en 2018 d’un Musée de la Mer et de la Marine entièrement financé sur fonds propres.

« C’est un bateau mythique à plusieurs titres: il représente la démesure humaine et, en même temps, c’est le chant du cygne des très grands monocoques surpassés ensuite par les multicoques », explique Norbert Fradin.

Une convention est finalement passée entre le promoteur, qui pré-finance pour l’heure les travaux — estimés à 600.000 euros — en attendant d’autres partenaires, et l’association qui prend en charge la rénovation et pourra faire naviguer le bateau pendant cinq ans.

« Quand j’ai vu le bateau pour la première fois, j’étais partagé entre la joie de le voir de près et l’ampleur de la tâche », raconte Ivonig Le Touzo, bénévole de 24 ans, les cheveux pleins de poussière après des heures de ponçage dans le carré.

Yvon Fauconnier, qui a sauvé le bateau de la destruction en 1994 lorsqu’une copie, le « Friday Star », a été construite, a accepté d’être le parrain de cette renaissance. « C’est bien que le bateau retrouve des gens qui ont envie que la saga continue », se réjouit le navigateur qui lance un appel aux « bénévoles et aux mécènes » pour faire revivre un bateau « qui parle encore aux gens ».

 

 

AFP

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