De jeunes garçons plongent une tête dans une retenue d’eau naturelle d’un village du centre de l’Inde, sous le regard de gardes armés chargés de défendre cette denrée rare dans un Etat durement touché par la sécheresse.

Pour parer les tentatives régulières d’agriculteurs désespérés d’un Etat voisin de voler de l’eau, les autorités de l’Etat du Madhya Pradesh ont pris la décision radicale d’organiser cette surveillance par des gardes armés.

L’Inde affronte sa pire sécheresse depuis des années avec environ 330 millions de personnes touchées, soit un quart de sa population, après deux saisons de faible mousson.

«L’eau est plus précieuse que l’or dans la région», souligne auprès de l’AFP Purshotam Sirohi, embauché par la municipalité pour surveiller ce réservoir situé dans le district de Tikamgarh. «Nous protégeons la retenue d’eau 24H/24».

Mais les mesures de sécurité ne peuvent empêcher la baisse continue de son niveau dans cette région de Bundelkhand où les autorités estiment n’avoir qu’un mois de réserve d’eau.

Quatre réservoirs du Madhya Pradesh sont déjà à sec, assoiffant plus d’un million de personnes désormais ravitaillées par des camions-citernes.

Près de 100.000 habitants de Tikamgarh ne reçoivent de l’eau que deux heures tous les quatre jours, les autorités ayant décidé le forage de nouveaux puits pour faire face à la demande.

Mais cela pourrait encore ne pas suffire, le niveau des nappes phréatiques ayant reculé de plus de 30 mètres en raison de précipitations annuelles divisées par deux au cours des dernières années.

«La situation est vraiment critique, mais nous essayons de fournir de l’eau à tout le monde», souligne Laxmi Giri Goswami, qui dirige la municipalité de Tikamgarh, auprès de l’AFP. «Nous implorons les dieux de la pluie pour leur miséricorde».

Dans le village voisin de Dargai Khurd, un seul des 17 puits a encore de l’eau. Et avec des températures proches de 45°C, ses 850 habitants craignent de bientôt souffrir de la soif.

«Qu’il s’assèche et nous n’aurons plus une seule goutte d’eau à boire», dit Santosh Kumar, un habitant, à l’AFP.

Les agriculteurs indiens dépendent énormément de la mousson – saison des pluies de quatre mois qui commence en juin – pour leurs récoltes, le pays manquant d’un système fiable d’irrigation.

Les deux dernières, nettement insuffisantes, ont provoqué des pénuries d’eau et de fortes pertes de récoltes dans 10 Etats qui ont parfois dû imposer des couvre-feu près des sources d’eau et ravitailler en eau par train les districts les plus touchés.

Nombre de paysans en détresse immigrent dans les villes pour travailler comme journaliers.

Dans un camp de fortune dans le nord de Bombay, des dizaines de migrants ayant fui leurs villages font la queue pour remplir d’eau leurs bidons en plastique.

Ils rejoignent habituellement la métropole indienne en janvier et février pour travailler dans les chantiers de BTP mais cette année, en mars et avril leur nombre a continué de croître.

«Il y a environ 300 à 350 familles ici. Soit plus de 1.000 personnes», note Sudhir Rane, un bénévole gérant le camp.

«La sécheresse sévit et les familles n’ont pas d’eau chez elles, elles sont donc venues ici cette année», dit-il à l’AFP.

Les familles qui s’enregistrent reçoivent un petit espace de ce coin poussiéreux où installer un abri de fortune.

«Nous n’avions d’autre choix que de venir ici. Il n’y avait ni eau, ni céréales, ni travail (chez nous). Il n’y avait plus rien à manger ou à boire», explique Manubai Patole, âgé de 70 ans. «Au moins ici, nous recevons de quoi manger».

Les météorologues prévoient cette année une mousson supérieure à la moyenne, offrant un rayon d’espoir à des millions de paysans.

Mais beaucoup, comme Gassiram Meharwal originaire de Bangaye dans le Madhya Pradesh, restent sceptiques tant ils ont vécu de désillusions.

Meharwal a raté trois récoltes de blé sur sa petite parcelle en trois ans, soit une perte d’environ 100.000 roupies (1.320 euros). «Nos champs sont maudits, c’est quasiment du béton maintenant», dit-il.

Faute de revenus, cet homme de 32 ans, qui doit nourrir huit personnes, a quitté son village pour travailler comme journalier à Gwalior, à quatre heures de route.

«Il n’y a aucune garantie qu’il va pleuvoir cette année. Les prévisions sont bonnes mais personne ne viendra nous aider si la récolte échoue. Mieux vaut utiliser notre énergie à casser des pierres», dit-il.

 

AFP

Publisher: Lebanese Company for Information & Studies
Editeur : Société Libanaise d'Information et d’Etudes
Rédacteur en chef : Hassan Moukalled


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