A mains nues, Julio Acosta attrape une bouteille au milieu des emballages et des restes de nourriture, puis la jette dans un grand sac en toile: cet éboueur mexicain trie les déchets en quête des ordures de «valeur».

Il fait partie d’une armée de travailleurs qui creusent dans les plus de 12.000 tonnes de détritus produites quotidiennement dans la capitale mexicaine pour trouver les déchets recyclables qui seront rachetés environ 10 centimes de dollar le kilo.

En route depuis 6 heures du matin, Acosta et ses collègues, qui ne semblent pas gênés par les odeurs nauséabondes émanant du monticule de poubelles, ne termineront leur parcours que dans l’après-midi.

Le peu de sensibilisation au tri sélectif, et la tendance de certains habitants à abandonner des ordures un peu partout dans la ville, ne font qu’allonger leurs journées.

«Il y a un manque de culture et d’éducation» à ce sujet, déplore Acosta.

Les habitants de Mexico devront pourtant bientôt trier les différents déchets, si l’on en croit la nouvelle réglementation qui va entrer en vigueur en juillet.

Rien ne garantit toutefois le succès de cette mesure: seule la moitié des habitants de la capitale respecte une précédente loi imposant le tri entre organique et inorganique, selon Sylvie Turpin, chercheuse à l’Université autonome métropolitaine de Mexico.

En 2003, lors de la création du premier programme de gestion des déchets, les autorités de la ville ont choisi de ne pas se mêler du recyclage et de privilégier la seule collecte de déchets organiques et le compost.

De fait, moins de 5% des déchets sont triés dans les deux établissements spécialisés que compte la ville. Mais le travail des éboueurs et autres volontaires est venu compenser ce manque et permet le recyclage d’entre 13% et 20% des déchets de Mexico, selon les estimations d’Arturo Davila, directeur de l’association écologiste Sustenta.

Avec son chariot à roulettes, Uriel Vergara dépose les poubelles des immeubles devant l’un des 3.000 camions-poubelles qui circulent dans la ville. Depuis cinq ans, ce jeune homme de 21 ans travaille avec les éboueurs en tant que «volontaire», vivant de la vente de déchets recyclables.

Jaugeant les sacs de canettes et de verre suspendus au camion, il calcule ce jour-là qu’ils lui rapporteront environ 6 dollars. Un peu plus d’un salaire minimum, fixé à 4,30 dollars par jour au Mexique.

Dans la mégapole aux 20 millions d’habitants, beaucoup sont prêts à payer pour les ordures. Dans le quartier de Tepito, Liliana et Carlos Marroquin en font commerce depuis cinq ans. «Lorsque nous sommes arrivés ici, nous étions les premiers. Depuis, six autres (entrepôts) ont ouvert dans le quartier», explique Liliana.

Dans leur hangar rempli du sol au plafond par d’immenses sacs de déchets, les habitants font la queue pour vendre quelques kilos d’ordures.

«Cette activité donne du travail à beaucoup de personnes», commente Liliana, qui a embauché sept employés.

En face de l’entrepôt, un camion rempli de quatre tonnes bouteilles en plastique attend d’être vidé. Une fois livré à une usine de transformation, son chargement rapportera environ 140 dollars.

Comme Liliana et Carlos, Jaime Camara a commencé sa carrière en ouvrant un entrepôt à Mexico, il y a plus de 20 ans. Il possède désormais sa propre usine de transformation à Toluca (centre), baptisée PetStar.

Chaque jour, 180 tonnes de bouteilles en plastique y sont acheminées, dont un tiers en provenance de la capitale.

Elles y sont réduites en confettis puis transformées en résine de polyéthylène téréphtalate (PET). Cette usine est devenue la plus grande au monde dans son domaine, selon son propriétaire, avec une production de 50.000 tonnes par an.

La résine produite sera ensuite revendue à différentes entreprises et servira notamment à fabriquer les bouteilles de Coca-cola.

 

AFP

Publisher: Lebanese Company for Information & Studies
Editeur : Société Libanaise d'Information et d’Etudes
Rédacteur en chef : Hassan Moukalled


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