L’Ile-de-France a perdu en une dizaine d’années 21% de ses oiseaux et 8% de ses espèces de papillons, un déclin particulièrement marqué en milieu agricole, souligne un rapport de Natureparif.
Les zones agricoles enregistrent 30% d’oiseaux en moins entre 2002 et 2014, et une diversité de plantes et de papillons en recul de 20% et 18%, selon ce rapport, dont la publication intervient au moment où les sénateurs étudient le projet de loi de «reconquête de la biodiversité».
Ces données (sur les espèces et l’abondance des individus) sont issues notamment d’observations menées par des volontaires dans le cadre du programme Vigie-Nature du Muséum national d’Histoire naturelle.
En Ile-de-France, la perte de biodiversité tient notamment à la «banalisation» des paysages agricoles: moins de haies, de bosquets, des parcelles plus grandes, avec des cultures homogènes… Là, les espèces spécialistes se trouvent remplacées par des «généralistes», c’est-à-dire capables d’évoluer dans plusieurs milieux.
Le défi est de rediversifier ces milieux, avec des aménagements offrant ressources et refuges, explique l’agence régionale chargée d’étudier et préserver la nature.
En ville, le constat est «plus nuancé».
Les plantes poussant sur les trottoirs, au pied des arbres ou sur les murs ont augmenté de plus de 90% en 7 ans seulement. Car bien moins arrosées de pesticides, et mieux acceptées par les citadins.
«Mais c’est insuffisant pour avoir des répercussions sur l’ensemble de la biodiversité», ajoute la botaniste Audrey Muratet, auteur du rapport, dans un entretien à l’AFP.
Ainsi, en ville, la population d’oiseaux et de papillons a chuté de plus de 20% dans les parcs et jardins en 10 ans.
En cause: la fragmentation des espaces, qui fait qu’essentiellement les papillons les plus gros survivent, l’usage de pesticides par les jardiniers, et pour les oiseaux, la raréfaction des insectes à la source de leur alimentation. La population d’hirondelles de fenêtre s’est ainsi réduite de 60% en dix ans.
En forêt, en revanche, la biodiversité est en «relative bonne santé», du fait des politiques foncières visant à conserver de grands massifs forestiers.
Ces tendances sont plus prononcées encore que dans le reste de la France, où l’on observe par exemple une perte d’oiseaux de 10%, souligne Mme Muratet.
Natureparif souligne «l’importance de changer notre rapport à la biodiversité et nos pratiques, tant au niveau privé qu’au niveau des politiques publiques».
Par exemple, si le jardinier laisse un petit coin de nature dans son carré (un peu de lierre, d’orties, de ronces…), «la diversité en papillons va de suite croître», relève la botaniste.
AFP