Le Haute autorité de santé (HAS) s’est prononcé contre le dépistage systématique du cancer du poumon par scanner chez les fumeurs, estimant que les conditions n’étaient pas réunies à ce stade pour un tel dépistage.
Sollicitée par les autorités sanitaires pour donner son avis, l’instance publique chargée faire des recommandations et des évaluations en matière de santé, a jugé « que les conditions ne sont pas actuellement réunies pour que ce dépistage soit possible et utile » et qu’il fallait poursuivre la recherche et intensifier la lutte contre le tabagisme, dans un document diffusé sur son site internet.
Lié dans 90% des cas au tabagisme, le cancer du poumon est le cancer le plus meurtrier en France, avec plus de 30.000 décès en 2015 (21.000 chez les hommes et 9.500 chez les femmes). Cinq ans après la maladie, moins d’un malade sur six est encore en vie.
Ce cancer peut être détecté grâce à un scanner thoracique qui permet d’identifier toute anomalie opaque aux rayons X.
Dans le premier bilan d’étape du 3e plan cancer présenté en février 2015, l’Institut national du cancer (INCa) soulignait que des travaux américains récents avaient « montré l’intérêt d’un dépistage du cancer du poumon chez le fumeur par scanner à faible dose, avec une réduction de la mortalité ».
Mais pour la HAS qui a étudié la question « la réduction de la mortalité grâce à ce dépistage n’est pas établie dans le contexte français ».
Parmi les autres objections, la HAS relève également que le scanner à faible dose reste un examen « irradiant » qui devra être répété régulièrement et qu’il génère trop de faux positifs (jusqu’à 90% des anomalies trouvées au scanner s’avèrent non cancéreuses après examen).
La maladie est de surcroît difficilement détectable à un stade précoce car elle évolue rapidement et des difficultés subsistent pour identifier précisément les personnes qui pourraient bénéficier du dépistage (à partir de combien de cigarettes fumées par jour ?, depuis combien de temps ?), selon la HAS.
L’instance rappelle enfin que les possibilités de traitements, même à un stade précoce de la maladie, sont à ce jour restreintes qu’il s’agit essentiellement d’actes chirurgicaux « lourds ».
« Il y a trop de risques et d’inconvénients associés à ce dépistage pour des bénéfices très incertains » conclut la HAS qui préconise notamment de dissuader les jeunes de commencer à fumer. L’autre piste est le développement de la recherche sur les traitements et les techniques de dépistage.
Des études sont en cours sur des tests de dépistage précoce du cancer du poumon grâce à une simple prise de sang, mis au point par plusieurs équipes de chercheurs dont une équipe niçoise.
Aux Etats-Unis, plusieurs sociétés savantes recommandent un dépistage annuel du cancer du poumon par scanner à faible dose chez les gros fumeurs âgés de 55 à 74 ans.
AFP