Sous les champs de Saint-Benoist-sur-Vanne (Aube), entre petits bois et cultures céréalières, jaillissent les eaux limpides de la «Bouillarde» : elles finiront 150 km plus loin, dans les robinets de la ville de Paris qui, pour protéger ses ressources en eau, a lancé un plan pour renforcer l’agriculture biologique.

Car l’eau que l’on boit de Paris vient, à 47%, de la Seine et de la Marne et à 53% des eaux souterraines acheminées par aqueducs de cinq régions autour de la capitale, le tout étant traité pour la rendre parfaitement sûre et potable dans quatre usines de la proche banlieue.

La source d’Armentières de Saint-Benoist-sur-Vanne, où jaillit la Bouillarde, est l’un des quelque 100 points de ces captages.

Les 30.000 m3 d’eau qu’elle produit chaque jour en moyenne partent d’un collecteur datant de près d’un siècle et demi — les droits de Paris remontent à Haussmann –, à l’entrée soigneusement gardée.

Un aqueduc acheminera les eaux pendant trois jours jusqu’aux robinets parisiens, après passage dans l’usine de traitement de l’Haÿ-les-Roses.

«L’eau est une ressource fragile, touchée par de multiples pollutions dont celle des pesticides», dit à la presse Célia Blauel, la présidente d’Eau de Paris, la régie de la Ville de Paris en charge de la production et de la distribution de l’eau dans la capitale.

Elle est ainsi le «témoin de 50 ans d’agriculture intensive», ajoute la responsable, également adjointe écologiste (EELV) en charge de l’environnement de la maire PS de Paris Anne Hidalgo.

Les pesticides et autres sont évidemment traités. L’eau de Paris «peut aller dans le biberon des enfants», dit-elle, mais «nous préférons être dans une démarche préventive».

La Ville vient ainsi de renouveler, en l’amplifiant pour l’horizon 2016-2020, un programme d’aides au bio à destination d’une partie des quelque 240.000 hectares de terres agricoles où se collectent ces eaux souterraines.

L’objectif est de porter à 3.500 les hectares cultivés en bio (soit plus 67%), à 10.500 ceux dédiés aux cultures durables (+60%) avec réduction significative de l’azote ou des pesticides et de doubler à 400 hectares la surface en «zone vulnérable», près des sources, de terrains détenus directement par la Ville.

«L’idée n’est pas d’acheter les 240.000 hectares», dit Mme Blauel, mais de lancer un «effet d’entraînement» auprès des agriculteurs.

Paris finance ainsi des programmes d’information et de conseils auprès des agriculteurs locaux qui veulent s’installer ou se convertir, les aident à monter des dossiers de subventions européennes.

En 2015, il était 108. Parmi eux, Christophe Dupuis, un jeune agriculteur dont la «Ferme aux Cailloux» à Arces-Dilo ne vend que du bio. Pour cultiver les céréales de manière naturelle, il alterne le blé ou l’orge avec le soja ou la luzerne, «pour amener de l’azote» naturelle.

Dans la région de la Vanne où «il y a un captage dans quasiment chaque commune, les agriculteurs prennent conscience de l’impact sur la qualité de l’eau», dit-il.

Si M. Dupuis agit «par conviction», l’agriculture biologique est aussi un réel débouché.

«Les prix en conventionnel sont bas depuis 2013», dit Hélène Leviel, ingénieur agronome à l’association «Bio-Bourgogne» partenaire de la Ville, «au contraire, le marché du bio se maintient à un niveau élevé».

«Il y a une dynamique», dit-elle, «quand quelqu’un passe en bio, que ça se passe bien, qu’il travaille bien, ça se voit des champs, tout le monde le voit et ça fait effet boule de neige».

 

AFP

Publisher: Lebanese Company for Information & Studies
Editeur : Société Libanaise d'Information et d’Etudes
Rédacteur en chef : Hassan Moukalled


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