La Nasa a rencontré des difficultés jeudi pour déployer le premier module gonflable expérimental, développé avec la société américaine Bigelow Aerospace et qui est amarré à la Station spatiale internationale (ISS), les ingénieurs s’efforçant de comprendre l’origine de ce dysfonctionnement.
« La Nasa et Bigelow Aerospace travaillent en étroite collaboration pour déterminer les raisons pour lesquelles le module ne s’est pas entièrement déployé aujourd’hui comme prévu », a indiqué une porte-parole de l’Agence spatiale américaine.
« Les ingénieurs sont en réunion au centre spatial Johnson à Houston pour discuter de la marche à suivre », a-t-elle ajouté.
Les efforts pour déployer le « Bigelow Expandable Activity Module » ou BEAM, ont été arrêtés après plusieurs heures de tentative pour faire entrer l’air dans le module, avait précisé auparavant la Nasa, dont la télévision retransmettait en direct la manœuvre.
Les contrôleurs de vol de la Station à Houston, au Texas, ont informé l’astronaute américain Jeff Williams, chargé du déploiement, que le BEAM ne s’était déployé que de quelques centimètres en longueur et en diamètre au moment où il a été décidé de suspendre la manœuvre.
La Nasa a indiqué en fin de journée qu’elle ne ferait pas de nouvelle tentative de déploiement vendredi mais qu’elle prévoyait une conférence de presse à 16H00 GMT pour faire le point.
« Les équipes d’ingénieurs surveilleront le module pendant la nuit pour détecter d’éventuels changements structurels qui pourraient résulter d’un accroissement ou d’une diminution de la pression de l’air et ce avant de se retrouver vendredi matin pour discuter des options », ajoute l’agence.
Elle assure aussi que les six membres d’équipage de l’ISS sont en sécurité indiquant que le « module BEAM et la Station spatiale sont dans une configuration stable ».
Le BEAM, d’une masse de 1,4 tonne, a été acheminé à l’avant-poste orbital par le vaisseau de fret non-habité Dragon, de la société SpaceX, le 10 avril.
Il avait été amarré à l’ISS quelques jours après à l’aide du bras télémanipulateur de la Station.
Le grand avantage de ce module réside dans le fait qu’il prend nettement moins d’espace qu’une construction classique avant son déploiement: dégonflé il peut entrer dans un cylindre de 1,7 mètre de longueur sur 2,3m de diamètre.
Une fois déployé, il multiplie son volume par 4,5 en se gonflant d’air respirable procurant un espace de 16m3, soit l’équivalent d’une petite chambre.
Cette capsule gonflable faite de Kevlar, un thermoplastique extrêmement résistant et qui se déploie grâce à des réservoirs d’air interne, est fondée sur des concepts inventés par la Nasa dans les années 1990 et développés ensuite par la firme créée il y 15 ans par l’homme d’affaires Robert Bigelow.
Il a déjà mis sur orbite deux modules gonflables non habités en 2006 et 2007. En 2013, il a conclu un contrat de 17,8 millions de dollars avec la Nasa pour construire le BEAM afin de tester ces habitats spatiaux plus légers.
Une ferme dans l’espace, un centre médical, un laboratoire ou une habitation: Robert Bigelow a indiqué en avril dernier que ce module pouvait avoir de multiples usages. « Nous n’en sommes qu’aux tous premiers stades de ce nouveau type de vaisseau spatial très prometteur », avait-il dit alors.
Ce test permettra aux scientifiques et ingénieurs d’évaluer les performances du module et plus particulièrement de déterminer s’il peut offrir une protection contre les radiations solaires et cosmiques ainsi que contre les micrométéorites et autres débris spatiaux en plus des températures extrêmes.
Les astronautes actuellement dans la Station spatiale devraient en principe entrer dans le module une fois déployé et y revenir plusieurs fois par an pendant la période de deux ans prévue pour cette expérience.
Ils relèveront les données et mesures recueillies par les capteurs se trouvant à l’intérieur du BEAM et évalueront aussi régulièrement l’état du module.
AFP