La goélette scientifique Tara a largué les amarres samedi du port de Lorient, suivie d’une armada de petits bateaux, sous un ciel légèrement voilé, pour une expédition inédite de deux ans dans l’océan Pacifique dédiée à l’étude des récifs coralliens et leur évolution.

Plusieurs centaines de personnes ont assisté à l’appareillage peu avant 19H00 du voilier en aluminium, dans une ambiance très festive avec des danses et musiques polynésiennes, une fanfare, des concerts et des animations autour des coraux organisées par le centre Océanopolis de Brest.

Il s’agit de la première étude multidisciplinaire prenant en compte le corail -qui compte quelque 1.400 espèces différentes- dans son milieu et les interactions avec la haute mer.

« Cette expédition sera une grande première au niveau de l’étude des coraux par son ampleur au niveau spatial », a noté avant le départ Serge Planes, directeur scientifique de l’expédition et directeur de recherche au CNRS.

Le navire de 36 mètres de long, 10 de large et 27 de hauteur de mât, doit rejoindre dans un premier temps l’île de Groix pour y être béni, ainsi que son équipage, par le recteur de la paroisse de l’île bretonne, comme le veut la tradition à chaque départ d’expédition, depuis l’époque de la Compagnie française des Indes qui était basée à Lorient.

D’Est en Ouest et du Nord au Sud, la goélette parcourra ensuite l’océan Pacifique pour découvrir la diversité du corail et mieux appréhender notamment ses capacités d’adaptation aux changements climatiques et aux activités humaines.

Alors que les récifs coralliens couvrent moins de 0,2% de la superficie des océans, ils réunissent près de 30% de la biodiversité marine connue à ce jour.

« Un kilomètre carré de récifs coralliens, c’est l’équivalent de toute la biodiversité que l’on trouve sur les littoraux de la métropole française », a relevé Serge Planes, expliquant que la santé de ces récifs est cruciale pour la diversité des espèces qu’ils abritent mais aussi pour l’humanité.

Étudier un tel écosystème à l’échelle du Pacifique constitue ainsi une opportunité majeure pour la communauté scientifique internationale, alors qu’une grande partie des récifs coralliens -véritables indicateurs de la santé des océans- tend à disparaître ces dernières années.

« C’est un écosystème très menacé », principalement en raison du fait que c’est un écosystème côtier, a souligné Serge Planes, qui précise que plus de 20% des récifs coralliens sont déjà définitivement détruits en raison notamment des aménagements portuaires.

Du canal de Panama à l’archipel du Japon, puis de la Nouvelle-Zélande jusqu’en Chine, Tara sillonnera près de 100.000 km jusqu’en septembre 2018 et son retour à Lorient, son port d’attache.

À bord de la goélette, truffée d’instruments de mesure, six marins et une équipe de scientifiques interdisciplinaire pour une approche « transversale». Ils seront au final 70 scientifiques à se relayer en mer pendant deux ans. Suivront ensuite dix ans d’exploitation des informations récoltées.

« Le bateau est totalement mis à la disposition des scientifiques », s’est félicité Étienne Bourgois, président de la Fondation Tara Expéditions, née en mars et reconnue d’utilité publique par l’État. « Il s’agit d’essayer de faire avancer la science avec la communauté scientifique internationale et les tripes de chacun », a-t-il dit.

Au programme de ces deux ans d’expédition, sous la houlette du CNRS: quelque 70 escales, 40 archipels analysés et 45.000 échantillons prélevés pour découvrir la diversité cachée du corail.

Cette expédition sera la 11e menée par la goélette, qui a déjà parcouru l’Arctique pour y étudier la banquise, navigué sur toutes les mers du globe à la découverte du plancton ou sillonné la Méditerranée pour mesurer l’impact de la pollution des plastiques.

 

AFP

 

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