A l’issue de trois jours de discussions, la conférence des Nations Unies consacrée à la situation des pays les moins avancés du monde (PMA) s’est conclue dimanche à Antalya, en Turquie, par l’adoption d’un document final ouvrant la voie à de nouvelles mesures concrètes pour aider ce groupe de 48 nations à faire des progrès.
« Nous sommes heureux de constater qu’un certain nombre d’initiatives importantes ont été prises par les pays les moins avancés pour réaliser intégralement leur potentiel », s’est félicité le Haut Représentant des Nations Unies pour les pays les moins avancés, Gyan Chandra Acharya, qui est également le Secrétaire général de la conférence.
Conjointement organisée par l’Organisation des Nations Unies et le Gouvernement turc, cet Examen à mi-parcours Programme d’action d’Istanbul (PAI) a pris acte des progrès accomplis par certains PMA, mais aussi des défis considérables auxquels nombre d’entre eux font toujours face au niveau national, et qu’ils doivent relever avec l’appui des bailleurs de fonds.
Dans le cadre de cet manifestation, des recommandations de mise en œuvre du PAI pour les cinq prochaines années ont été formulées, en tenant compte du Programme de développement durable à l’horizon 2030, du Programme d’action d’Addis-Abeba, du Cadre d’action de Sendai pour la réduction des risques de catastrophes et de l’Accord de Paris sur le changement climatique
Parmi les initiatives annoncées, figure la nomination d’un « conseil d’administration » de la Banque de la technologie pour les PMA, chargée de soutenir une meilleure utilisation des sciences, des technologies et de l’innovation et d’élargir leur accès.
« Renforcer les partenariats mondiaux et soutenir un leadership vigoureux et l’appropriation nationale permettront à près d’un milliard de personnes vivant dans ces pays vulnérables d’œuvrer à la réalisation d’un avenir brillant et prospère », a déclaré M. Acharya.
La conférence s’est conclue par l’adoption d’une déclaration politique, qui reconnaît certains progrès récents, y compris le déclin des taux de mortalité infantile et maternelle, une plus grande égalité entre les sexes dans l’accès à l’éducation et au sein des parlements, et un meilleur accès à l’Internet et aux réseaux de téléphonie mobile.
Une croissance économique forte a également été enregistrée ces cinq dernières années dans les PMA, même si son rythme a été instable et en-deçà de la moyenne mondiale au cours de la dernière décennie.
« Le message clé, c’est que l’obtention du statut de PMA ne fait pas tout », a déclaré de son côté la Secrétaire exécutive de la Commission économique et sociale des Nations Unies pour l’Asie et le Pacifique (CESAP), Shamshad Akhtar, dans un entretien avec le Centre d’actualités de l’ONU.
« Les pays les moins développés doivent continuer de bénéficier de l’aide publique au développement (APD) parce que c’est un filet de sécurité très important et dont ils ont besoin », a-t-elle souligné. « Mais la manière dont cette APD est utilisée afin de renforcer leur résilience est également déterminante ».
Autre message fort d’Antalya : il reste encore beaucoup à faire pour renforcer les capacités de production agricole et industrielle, ainsi que la prestation de services pour permettre aux PMA de sortir de cette catégorie.
Représentant le Fonds international de développement agricole (FIDA), Ashwani Muthoo a ainsi expliqué au Centre d’actualités que l’agriculture demeure l’« épine dorsale » de cette mobilisation. L’an dernier, a-t-il dit, près de 70% des efforts déployés par cette agence du système des Nations Unies ont été consentis en faveur des PMA.
« Il est clair qu’il y a une grande volonté au niveau local et communautaire de faire mieux, mais qu’un leadership et une meilleure gouvernance seront nécessaires », a poursuivi M. Muthoo. « En tant que FIDA, nous sommes présents. Soutenir ces pays fait partie de notre mandat, et nous sommes conscients que l’ordre du jour est inachevé, mais qu’ensemble, nous pouvons y arriver ».
Au cours de la conférence, il a été souligné à quel point le développement des infrastructures et l’accès à l’énergie déverrouilleront la lutte contre la pauvreté dans les PMA. Le développement du secteur privé et la promotion de l’égalité entre les sexes, de même que le soutien à la résilience, ont notamment été identifiés comme des priorités.
« Je crois qu’on peut y arriver », a quant à lui estimé le Conseiller du Secrétaire général de l’ONU sur le programme de développement durable, Jeffrey Sachs, après s’être exprimé, lors de la conférence, sur les options de financement, encourageant la communauté internationale à se montrer pragmatique.
« J’ai mis l’accent sur l’investissement dans les personnes, la santé et l’éducation ; et l’investissement dans les infrastructures routières, l’électricité, la fibre, la connectivité haut-débit. Parce que si nous pouvons créer cette plate-forme d’infrastructures solides et de capital humain, le secteur privé sera étonnamment dynamique dans le monde entier », a-t-il assuré.
Dans le document final adopté à la conférence, la communauté internationale souligne également que les initiatives ouvrant aux PMA un accès aux marchés libres de droits de douane et sans quotas imposés devraient être pleinement mises en œuvre, et assorties d’un engagement à accroître l’aide au commerce en faveur de ces pays.
Il existe 48 pays ressortissant à la catégorie des PMA, qui regroupent 880 millions de personnes, soit 12% de la population mondiale. L’ONU estime que ces Etats génèrent à peine moins de 2% du PIB au niveau mondial et que le volume de leurs exportations n’est que de 1,1%.