Deux ingrédients essentiels à la vie sur la Terre, la glycine et le phosphore, ont été détectés sur la comète 67P/Tchourioumov-Guérassimenko, une découverte sans précédent, révèlent des chercheurs européens.
Alors que plus de 140 différentes molécules organiques ont déjà été identifiées dans le milieu interstellaire, c’est la première fois que l’on y détecte de la glycine, un acide aminé, et du phosphore, un élément clé de l’ADN et des membranes des cellules.
Ces travaux, menés avec Rosina, le spectromètre de la sonde européenne Rosetta en orbite autour de ce noyau cométaire, sont publiés dans la revue américaine ScienceAdvances.
«La multitude de molécules organiques déjà identifiée par Rosina sur la comète 67P/Tchourioumov-Guérassimenko, auxquelles s’ajoutent désormais la glycine et le phosphore,- des ingrédients fondamentaux de la vie -, confirment notre hypothèse que les comètes ont le potentiel d’apporter les molécules essentielles de la chimie prébiotique», souligne Matt Taylor, le responsable scientifique de la mission Rosetta de l’Agence Spatiale Européenne (ESA).
«Démontrer que les noyaux cométaires sont des réservoirs de matériaux primitifs dans le système solaire et qu’ils auraient pu transporter ces ingrédients clé de la vie sur la Terre est l’un des principaux objectifs de Rosetta et nous sommes ravis de ces résultats», ajoute-t-il.
Des traces de glycine, souvent trouvée dans les protéines, avaient déjà été mises en évidence dans les poussières de la comète Wild 2 ramenées sur terre dans le cadre de la mission Stardust de la Nasa en 2004. Mais les scientifiques n’avaient pas pu écarter la possibilité d’une contamination terrestre des échantillons pendant l’analyse.
Maintenant, pour la première fois, de multiples détections de cet acide aminé ont confirmé sa présence dans les gaz et la vapeur d’eau se dégageant d’un noyau cométaire.
«Il s’agit de la première détection certaine de glycine dans la mince atmosphère d’une comète», souligne Kathrin Altwegg, de l’université de Berne en Suisse, chef du projet Rosina et principal auteur de ces travaux.
La première détection a eu lieu en octobre 2014 mais la plupart des mesures ont été faites en août 2015 pendant la périhélie, lorsque l’orbite de la comète se trouvait au plus proche du soleil.
La glycine est très difficile à détecter. Elle passe de l’état solide à l’état gazeux sous les 150 degrés Celsius, ce qui signifie que peu de cet acide aminé se dégage sous forme gazeuse à la surface froide de la comète, explique Kathrin Altwegg.
«Nous avons constaté des fortes corrélations entre la glycine et la poussière de la comète, ce qui suggère que la glycine provient des grains mélangés à de la glace qui a fondu quand le noyau cométaire s’est rapproché du soleil», poursuit-elle.
A la différence des autres acides aminés, la glycine est le seul à pouvoir se former sans eau liquide, notent les scientifiques.
L’origine du phosphore détecté dans la fine atmosphère de la comète 67P/Tchourioumov-Guérassimenko n’a pas encore été déterminée, indiquent les scientifiques.
AFP