Trois espèces dans un même enclos: c’est le pari que fait le zoo de Mulhouse (Haut-Rhin) pour améliorer le bien-être de ses pensionnaires, en inaugurant un nouvel espace asiatique où cohabitent pandas roux, loutres et cervidés, une tendance en progression dans les zoos.

Trois pandas roux, une espèce menacée, trois muntjacs d’Inde, une forme primitive de cerfs, et des loutres naines cohabitent depuis quelques jours dans cet « enclos mixte », ceint de fourrés de bambous.

Dans cet espace – le cinquième du genre à Mulhouse – on peut observer les pandas roux grimper sur de grands arbres, sous le regard placide de muntjacs, juchés sur des rochers.

En contrebas, des loutres s’affairent avec des branchages en nageant dans une petite rivière.

Créé il y a 148 ans, le zoo de Mulhouse a aménagé ses premiers espaces mixtes il y a une dizaine d’années.

Depuis, ce parc réhabilite peu à peu ses espaces, devenus parfois vétustes, pour proposer des installations censées offrir plus de confort aux animaux.

« Il est important que les animaux se sentent le mieux possible, il y a un besoin d’augmenter la taille des enclos pour créer du confort », estime Brice Lefaux vétérinaire et directeur du parc zoologique de Mulhouse.

Ces enclos multi-espèces participent à la « sensibilisation du public » dont l’attention est portée sur la biodiversité, précise ce responsable.

Pour se défouler, les colocataires asiatiques disposent de cordages et d’un grand tronc d’arbre creux en suspension. En cas de conflit, un abri avec des trappes individualisées pour chaque espèce sert de lieu de repli.

L’installation a nécessité 215.000 euros d’investissement et cinq mois de travaux.

L’idée de mélanger des espèces en captivité est assez ancienne: les premières expériences ont commencé il y a plus d’un siècle avec les volières à oiseaux.

Mais depuis la fin des années 1990 la mise en place d’enclos multi-espèces « correspond à l’évolution des zoos », souligne Brice Lefaux.

« De plus en plus de zoos installent des enclos multi-espèces », confirme Steven Seet, de l’Institut Leibniz pour la recherche zoologique et la vie sauvage de Berlin. « Du point de vue de l’enrichissement comportemental, les animaux sont occupés de façon intelligente », note ce spécialiste allemand.

« Ces trois espèces ne vont pas se manger entre elles », mais « leur cohabitation va certainement nécessiter un suivi sanitaire plus important: il faudra voir comment les animaux se comportent sur le territoire et évaluer le stress » lié à la cohabitation, relève l’expert.

Ainsi « les loutres naines sont très ingénieuses et intelligentes et peuvent causer quelques soucis aux autres espèces », souligne M. Seet.

Le zoo de Zurich (Suisse) compte déjà une quinzaine d’espaces mixtes. Le parc est allé jusqu’à recréer une forêt tropicale malgache qui abrite sur 1,2 ha une vingtaine d’espèces d’oiseaux, des lémuriens et des roussettes de Rodrigues, des chauves-souris menacées d’extinction.

« En mettant ensemble des animaux, on crée des combinaisons qui racontent des histoires. L’avenir des zoos se joue certainement, au moins en partie » dans le développement de ces espaces, estime le Dr. Robert Zingg, responsable animalier du zoo suisse.

En terme de risques, les zoos doivent cependant veiller à ne pas créer une « chaîne alimentaire » entre les locataires, rappelle le scientifique suisse.

En 2014, au zoo de Leipzig (Allemagne) un iguane vert s’est retrouvé piégé dans un bassin après une chute et a été dévoré par des loutres.

Certaines espèces sont aussi réputées incompatibles, comme les félins et certains primates qui défendent un territoire.

La sélection doit « rester cohérente, il doit y avoir au minimum une entente cordiale entre les espèces », explique Marine Giorgiadis interne-vétérinaire au zoo mulhousien devant une colocation de moutons d’Ouessant et de vautours moines.

Une colocation qui montre que ce charognard réintroduit dans les Pyrénées dans les années 1990-2000, n’est en rien un prédateur. « Chacun fait ça vie de son côté », commente la jeune interne.

 

AFP

 

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