Franchissant un pas de plus dans la réalisation de son rêve d’adolescent amoureux de la nature, Boyan Slat, 21 ans, a dévoilé mercredi son premier prototype de barrière filtrante destinée à dépolluer les océans de milliers de tonnes de déchets plastiques.

« Les grands objets en plastique, comme les bouteilles ou les boîtes, seront réduits en micro-billes dans les prochaines décennies si nous ne faisons rien », a affirmé le jeune fondateur du « Ocean Cleanup » («nettoyage des Océans » en anglais) : « est-ce le futur que nous acceptons ou voulons-nous créer un futur où les océans sont propres à nouveau? ».

Cette utopie d’étendues maritimes propres, Boyan Slat a voulu la concrétiser alors qu’il était encore au lycée, « après avoir fait de la plongée sous-marine lors de vacances en Grèce: sous l’eau, j’ai vu plus de plastique que de poissons ».

Pour lutter contre ce que l’on appelle la « soupe plastique », mélange de déchets de tailles diverses dans l’océan qui a un impact considérable sur l’environnement, ce Néerlandais a eu une idée toute simple.

Tandis que la plupart des autres projets envisagent de ramasser les plastiques à l’aide de bateaux sillonnant les océans, le jeune homme au look d’adolescent, cheveux ébouriffés et chemise ouverte, souhaite se servir des courants marins pour piéger les débris.

« Pourquoi irions-nous vers les déchets alors que les déchets peuvent venir à nous? », a-t-il expliqué lors d’une conférence de presse au port de Scheveningen, à l’ouest des Pays-Bas.

Né d’un croquis sur une serviette en papier, le premier prototype de son projet sera déployé pour une durée d’un an dans la mer du Nord, à 23 kilomètres de la côte néerlandaise: il s’agit d’une barrière de 100 mètres de long constituée de flotteurs noirs allongés et de filets capturant les débris de plastique.

D’une valeur d’1,5 million d’euros, ce prototype a pu être développé notamment grâce à une collecte de fonds sur internet de 2 millions d’euros en 19 jours.

Des « continents » de plastique

Mille fois plus grand, le projet global consiste à étendre deux bras flottants de 50 kilomètres chacun formant un « V » et arrimés aux fonds marins. Munis d’un « rideau » de trois mètres s’enfonçant dans l’eau, ils bloqueront les plastiques, récoltés ensuite dans un container.

Jusqu’à 3.000 mètres cubes de déchets pourraient y être stockés, de quoi remplir une piscine olympique. Ce plastique pourrait ensuite être en partie recyclé.

« En déployant un seul de ces systèmes durant dix ans, nous pourrions nettoyer la moitié de la grande plaque de déchets du Pacifique », a expliqué celui qui a abandonné ses études en ingénierie spatiale pour se consacrer totalement à son aventure.

L’ambition du plus jeune lauréat du prix « Champion de la Terre » décerné par le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) est de jeter ce grand projet de nettoyage des océans à l’eau à l’horizon 2020.

D’ici là, Boyan Slat veut rendre infaillible son premier prototype en contrôlant, réparant et améliorant le moindre défaut lors de ce « test destructeur ».

Composée d’une surface émergée et d’une surface immergée d’1,50 mètre chacune, « la barrière flottante la plus résistante au monde », faite de caoutchouc, de polyester et de tissu, est conçue pour supporter des charges de 80 tonnes et capturer les petits morceaux de plastique jusqu’à un millimètre de diamètre.

L’entrepreneur, à la tête d’une cinquantaine d’ingénieurs, souhaite également mesurer la quantité de déchets qui polluent les océans, aujourd’hui estimée entre 10.000 et 10 millions de tonnes.

Entraînés dans les cinq principales gyres, des courants marins circulaires, ces déchets plastiques forment d’énormes plaques de déchets, des « continents » de plastique, et ont des conséquences néfastes pour les animaux et les hommes.

Les animaux marins, comme les dauphins ou les phoques, s’y empêtrent, s’étranglent et se noient. D’autres les ingèrent, comme les tortues prenant les sacs plastiques pour des méduses.

Décomposés en petites particules, ces matières, soupçonnées d’effets négatifs sur la fertilité et de provoquer des maladies cancéreuses chez l’homme, entrent ensuite dans la chaîne alimentaire.

 

AFP

Publisher: Lebanese Company for Information & Studies
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