Ils s’appellent Thymio ou Poppy. Ces petits robots ont fait leur apparition dans certaines écoles maternelles et élémentaires de Gironde où ils permettent aux enfants d’apprendre autrement.
Le petit Thymio ressemble à un modem internet sur roues et se déplace presque tout seul: il a fait son entrée dans la classe de Murielle Ducroo, à Andernos-Les-Bains (Gironde), voici deux ans, un cas unique pour une maternelle dans ce département.
Mais pas question d’enseigner le codage ou la robotique à des enfants de cet âge, qui ne savent encore ni lire ni écrire: « Je fais un travail sur le corps et les sens. Quand les enfants voient Thymio se déplacer à l’aide de ses capteurs, ils comprennent l’idée de sens humains », explique l’institutrice, rencontrée par l’AFP lors d’un colloque « robotique et éducation » organisé à Talence (Gironde) par l’Inria (Institut national de recherche en informatique et en automatique).
Ce travail corporel, elle l’a aussi entrepris dans sa classe avec Poppy, un robot humanoïde d’environ 80 cm de haut, avec l’aide d’un chorégraphe et d’un programmateur.
Une initiative personnelle de l’enseignante, de formation littéraire mais qui a « toujours eu un intérêt pour les sciences » et qui a dû trouver les moyens de se former à cette nouvelle forme de pédagogie en dehors de l’Education nationale. Sa formation, elle la doit à « La main à la pâte », une fondation initiée par le prix Nobel de Physique Georges Charpak qui vise à développer le goût et l’enseignement des sciences dès le plus jeune âge par le biais de l’expérimentation.
C’est en suivant la formation « graines de sciences » de la fondation qu’elle a croisé en 2014 des chercheurs de l’Inria et leurs petits protégés cybernétiques.
Une rencontre également déterminante pour Emmanuel Page, conseiller pédagogique en technologies de l’information et de la communication, qui a ouvert aux robots la porte des classes d’éducation prioritaire de Floirac (Gironde) car cet apprentissage « crée une motivation et une persévérance scolaire ».
Au menu, programmation visuelle, émission d’hypothèses, connaissance technique du robot et de son fonctionnement. Mais les élèves de primaire concernés apprennent en réalité bien davantage au contact de ces machines. « On aborde d’abord la maîtrise de la langue, la discussion, le débat d’idées, l’argumentation et l’écriture. Mais aussi d’autres langages moins concrets pour eux, comme les langages mathématique, numérique, scientifique… », explique Emmanuel Page.
Pour le conseiller pédagogique, « l’école doit aussi former des citoyens numériques. On souhaite qu’ils passent du consommateur numérique passif à l’acteur, bien ancré dans la société ».
Tout aussi important, particulièrement pour des enfants en butte à des difficultés scolaires, « la robotique permet de faire accepter l’échec aux élèves », souligne Stéphanie Méhats, enseignante de CM1/CM2 à Floirac. « Puisque c’est le robot qui indique si l’exercice est réussi ou pas, le sentiment qu’aucun jugement ne pèse sur eux est bénéfique », explique-t-elle.
Au-delà de ces expérimentations, à l’échelle encore limitée par le manque de moyens financiers, l’enjeu de la pédagogie par les robots est de pouvoir accompagner l’enfant dans ces enseignements après une première année d’initiation. « On essaie de former des enseignants d’une même circonscription. On crée même des rencontres entre CM2 et 6ème pour favoriser un passage de témoin. Le but est d’installer la robotique partout, de la maternelle au lycée, et pas faire de la robotique pour faire de la robotique », insiste M. Page.
Source : AFP