Selon les résultats officiels déjà publiés, 51,9% de l’ensemble des électeurs britanniques ont choisi- et à travers un référendum mené jeudi le 23 juin 2016- de mettre fin à quarante-trois années d’appartenance à l’Union européenne.

La sortie des Britanniques de l’Union européenne (Brexit- contraction de «Britain » et « Exit ») incarne bien sûr un nouveau défi pour l’économie mondiale étant donné que Londres représente la cinquième puissance économique planétaire.

Retombées économiques du « Brexit » sur le Royaume-Uni

Tout d’abord, les répercussions de cette décision sont impossibles à évaluer dans l’immédiat mais l’économie britannique plonge certainement dans l’inconnu.

Le commerce, les entreprises du Royaume-Uni et les investissements seront particulièrement touchés. En effet, plusieurs sociétés qui ont choisi le territoire britannique comme porte d’entrée vers l’Europe vont probablement relocaliser leur siège européen et la City de Londres va perdre des milliers d’emplois.

Par exemple, la banque américaine JP Morgan a fait savoir qu’elle pourrait déplacer des emplois hors du pays.

Pour sa part, La banque britannique HSBC avait évoqué la possibilité de déplacer un millier de personnes dans la capitale française.

En outre, la Grande-Bretagne a perdu sa note de la dette AAA attribuée depuis un demi-siècle par Standard & Poor’s ( S&P), la grande agence de notation. Cette dernière souligne que « la perspective négative reflète les risques liés aux perspectives économiques du pays, la performance budgétaire et extérieure, ainsi que le rôle de la livre sterling comme monnaie de réserve ». S&P dit s’attendre à un ralentissement significatif de la croissance de l’économie britannique sur la période 2016-2019, avec une hausse du produit intérieur brut ( PIB) abaissée en moyenne à 1,1 % par an.

De même, l’agence de notation Moody’s avait annoncé avoir abaissé la perspective pour la dette souveraine du Royaume-Uni, de  » stable » à « négative « .

Au surplus, de nouvelles barrières tarifaires peuvent entraver de nombreux secteurs manufacturiers et le pays pourrait connaître une période de récession selon le Fonds monétaire international.

Les banques ont également peur de perdre le droit de vendre sans entrave leurs services financiers vers les pays de l’Union européenne.

La livre britannique était toujours secouée et repassait sous la barre de 1,35 dollar. La monnaie a aussi touché un plus bas depuis 1985 à quelques heures des résultats du référendum et les Britanniques se sont précipités dans les bureaux de change pour vendre leur livres sterling et acheter une monnaie étrangère notamment des dollars et des euros.

Mais récemment, la Bourse de Londres a rebondi reprenant de la vigueur après avoir fortement baissé et l’indice des cent entreprises britanniques les mieux capitalisées cotées à la bourse de Londres ( FTSE-100) était soutenu par le rebond des valeurs des secteurs bancaire, aérien et immobilier.

A noter que le Royaume-Uni risque de ne plus percevoir quelques subventions et le financement de certains programmes ( surtout ceux agricoles) et le pays doit renégocier des accords d’échanges économiques et commerciaux avec l’UE dans le but d’examiner le cadre pour l’exportation et l’importation de produits et services.

D’autre part, l’immigration sera limitée ce qui implique la réduction de l’afflux de main d’œuvre d’Europe de l’Est et du Sud.

De surcroît, les partisans du Brexit comptent sur le fait qu’ils garderont un accès au marché unique européen et qu’ils noueront de nouveaux partenariats qui renforceront la prospérité du pays.

Le ministre britannique des Finances, George Osborne a souligné que ladite décision sera sans doute synonyme d’un regain de volatilité des marchés financiers mais « notre économie est aussi solide qu’il se peut pour faire face aux défis auxquels notre pays est dorénavant exposé ».

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Impacts sur l’UE

L’Europe sera privée d’un contributeur majeur au budget ce qui fait craindre une augmentation des contributions pour d’autres pays comme l’Allemagne ou une diminution des dépenses. Et par rapport aux pays les plus perdants de la sortie de l’Angleterre, nous pouvons citer l’Irlande, l’île Malte, le Luxembourg, Chypre et la Suisse.

L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) prévoyait un ralentissement de la croissance de près de 1 % en Europe et carrément de 3 % en Grande-Bretagne.

Et comme le Royaume-Uni n’appartient plus au marché unique européen, il sera considéré comme un pays tiers dans les négociations prévues.

Les entreprises devront chercher une autre place financière qui remplacera Londres et les produits européens seront taxés pour entrer dans le territoire britannique.

D’un autre côté, les dirigeants européens semblent pressés de pousser la Grande-Bretagne vers la sortie en multipliant les contacts diplomatiques pour accélérer la procédure de divorce à cause des risques possibles sur les marchés.

Les trois économies les plus importantes de la zone euro, notamment l’Allemagne, la France et l’Italie ont annoncé leur volonté de donner une « nouvelle impulsion  » au projet européen.

Quant aux touristes étrangers, ils vont profiter de l’effondrement de la livre sterling étant donné que leur pouvoir d’achat augmentera dans le Royaume-Uni.

Par contre, les expatriés britanniques et ceux qui souhaitent se déplacer en Europe craignent que la situation sera plus compliquée après l’annonce du Brexit, surtout que le déplacement dans l’espace Schengen nécessitera dorénavant une demande de visa, sauf au cas où un accord sera conclu.

Ensuite, le destin des fonctionnaires britanniques travaillant pour les institutions européennes est incertain. Nous rappelons dans ce contexte que l’article 49 du code du travail des fonctionnaires européens stipule que  » le fonctionnaire ne peut être démis d’office de ses fonctions que dans le cas où il cesse de satisfaire aux conditions fixées à l’article 28 point a) » qui précise que:  » nul ne peut être nommé fonctionnaire s’il n’est pas ressortissant d’un des Etats membres, sauf dérogation accordée par l’autorité investie du pouvoir de nomination « .

Par ailleurs, les européens qui travaillent outre-Manche auront peut-être désormais besoin d’un permis de travail.

Et par rapport aux étudiants européens dans l’Angleterre, ils seront considérés comme des étudiants internationaux et doivent donc payer plus cher pour pouvoir poursuivre leurs études.

On se demande enfin: Paris pourrait-elle remplacer la Grande-Bretagne «Brexitée »?

 

En coopération avec « Immar wa iktissad »

 

 

Publisher: Lebanese Company for Information & Studies
Editeur : Société Libanaise d'Information et d’Etudes
Rédacteur en chef : Hassan Moukalled


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