« C’était un peu de la blague, vraiment ridicule », raconte David Saxby, qui a facilement déjoué les restrictions empêchant théoriquement les voyageurs américains de se promener comme de simples touristes à Cuba.

En vertu de l’embargo décrété en 1962 au coeur de la guerre froide, la loi américaine oblige ses citoyens à respecter des critères et un parcours précis sur l’île, mais nombre d’entre eux y voyagent à leur guise.

Avant de s’envoler du Mexique vers Cuba pour un séjour de trois semaines, David a dû remplir un formulaire attestant qu’il répond aux critères de l’une des 12 catégories autorisées: projets éducatifs, sportifs ou religieux, médecins, famille, aide humanitaire, recherche, officiels, journalistes…

« J’ai coché la case +recherche professionnelle+ parce que nous avions prévu de rencontrer un professeur de yoga », explique ce professionnel de la discipline de 42 ans venu du Nebraska.

Une fois sur place, « personne ne vérifie (…) Nous avons passé nos vacances et fait du tourisme, à l’exception des 20 minutes pendant lesquelles j’ai rencontré Eduardo! », l’instructeur, s’amuse-t-il.

En théorie, les voyageurs « doivent respecter un programme précis » et ne peuvent voyager comme ils l’entendent, indique à l’AFP Frank Gonzalez, qui dirige Mambi Tour, agence de voyage spécialisée basée à Miami, en Floride.

« Nos voyageurs sont toujours accompagnés par un guide-chauffeur, mais d’autres se promènent par leurs propres moyens, c’est interdit mais personne ne va vérifier », poursuit-il.

« On est venu sans agence ni réservation (…) On a voyagé en bus et on a partagé des taxis, et on a trouvé des logements (chez l’habitant) en se promenant », détaille David, vêtu des traditionnels débardeur-lunettes de soleil-sandales du touriste lambda.

Avec son ami Ryan Gillespie, il a ainsi pu visiter librement le centre-ouest du pays et y admirer les trésors architecturaux de La Havane et Trinidad, le charme de Cienfuegos, des plages de Playa Larga et la vallée verdoyante de Viñales.

Après l’annonce historique du rapprochement entre les deux pays fin 2014, l’administration de Barack Obama a allégé certaines sanctions contre Cuba et simplifié les procédures de voyage, provoquant l’ouverture d’une brèche dans les contrôles.

Auparavant, chacun devait fournir des justificatifs de ses déplacements, et le Bureau américain pour le contrôle des avoirs étrangers (OFAC) exerçait une forte pression sur les compagnies charter. Chargées des vérifications, celles-ci risquaient de fortes amendes en cas de manquement, expliquent des responsables du secteur.

Depuis un an et demi, il suffit simplement de sélectionner une des 12 catégories et de signer un formulaire de l’OFAC pour être autorisé à voyager.

« Environ 90% des voyageurs choisissent les voyages éducatifs incluant des rencontres +personne à personne+ », qui est la catégorie la plus facile à justifier puisqu’il suffit par exemple de rencontrer des médecins, professeurs ou artistes locaux, explique M. Gonzalez.

« On fait un peu semblant, mais on n’est pas juste venu pour se relaxer et aller à la plage. On est venu pour apprendre de la culture et des gens », se justifie Susan, une quinquagénaire américaine rencontrée dans la vieille Havane.

Pas moins de 71.800 Américains se sont rendus à Cuba au cours des trois premiers mois de 2016, doublant le chiffre de la même période en 2015.

Ils constituent désormais le quatrième groupe le plus assidu sur l’île, après les Canadiens, les Cubains de l’étranger et les Allemands.

Après l’arrivée des croisiéristes américains en mai, le rétablissement des vols réguliers entre les deux pays prévu en septembre devrait donner une nouvelle impulsion aux touristes américains sur l’île à la faveur de tarifs devenus plus avantageux.

Avec une compagnie charter, la liaison New-York-Varadero est facturée environ 800 dollars. Sur son site internet, American Airlines affiche le prix de 262 dollars pour un vol à partir du 11 septembre.

Washington a autorisé 110 nouvelles liaisons, dont 20 vers La Havane, mais le nombre de vols sera moindre dans un premier temps.

« Il est important de comprendre que, même avec les restrictions, tout semble indiquer que les voyages à Cuba vont augmenter ces prochaines années », anticipe Pablo Casal, directeur de l’hôtel Four Points by Sheraton.

L’établissement du groupe Starwood est devenu le premier hôtel américain à ouvrir à Cuba depuis la révolution castriste de 1959.

 

AFP- Par Alexandre GROSBOIS, Maïa BOYE

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