Un an après le vote de la loi de transition énergétique, texte emblématique du quinquennat, François Hollande et Ségolène Royal ont affiché leur satisfaction au vu des résultats obtenus, mais les ONG restent sur leur faim, en particulier à propos du nucléaire.
Suppression des sacs plastiques à usage unique, montée en puissance des énergies renouvelables parallèlement à une réduction de la capacité nucléaire, lancement du chèque énergie pour les plus précaires, déploiement massif de bornes de recharge pour véhicules électriques: le président de la République et la ministre de l’Environnement ont égrené à l’Elysée les mesures phares de la loi adoptée au Parlement le 22 juillet 2015.
« Une loi adoptée, c’est bien, une loi appliquée, c’est mieux », a déclaré François Hollande devant des acteurs économiques, des élus et des ONG. « Ce qui compte, c’est que la vie de nos concitoyens soit changée », a-t-il ajouté, soulignant que la quasi-totalité des textes d’application avaient été publiés.
« Cette loi faisait partie des engagements que j’avais pris comme candidat à l’élection présidentielle. (…) Nous voulions qu’à travers cette loi, nous puissions non seulement nous mettre en conformité avec notre propre responsabilité pour les générations qui viennent, nous voulions aussi entraîner une dynamique écologique et économique (…) pour ouvrir d’autres perspectives pour les entreprises », a-t-il ajouté.
Selon le ministère de l’Environnement, la « croissance verte » a déjà permis la création ou le maintien de quelque 20.000 emplois en France, sur un objectif affiché de 100.000, notamment dans l’éolien, le solaire, l’isolation thermique et l’individualisation des frais de chauffage.
« Ce sont des milliers d’emplois et en plus, c’est en train de s’accélérer », s’est félicitée Ségolène Royal, selon laquelle le crédit d’impôt pour la rénovation énergétique de logements a déjà généré 5 milliards d’euros de travaux.
« Aujourd’hui, les fondations de la maison +Nouveau modèle énergétique+ sont posées et la boîte à outils est à la disposition de tous (…) Maintenant, il appartient à chacun (…) de construire cet édifice de la transition énergétique », a déclaré la ministre.
A partir de lundi, une campagne par affiches et dans la presse, lancée par le ministère de l’Environnement, invitera chacun à agir.
Mais pour les ONG et certains acteurs économiques, le bilan est plus contrasté: ils déplorent une mise en oeuvre trop lente et des incohérences avec les grands objectifs affichés.
« La transition énergétique, avec le développement de l’efficacité énergétique et des énergies renouvelables, est un formidable gisement d’emplois non délocalisables et cette loi, si elle est mise en oeuvre, pourrait rester comme un acte fondamental de ce quinquennat », a estimé Réseau Action Climat. « Pourtant, après quelques avancées, les points de blocage sont de plus en plus visibles et le gouvernement est face à un choix: reste-t-il au milieu du gué ou confirme-t-il sa volonté de changement de cap? ».
La Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), feuille de route des trajectoires d’évolution des différentes sources d’énergie jusqu’en 2023, déçoit sur son volet nucléaire. La manière de réduire significativement la part de l’atome de 75% à 50% de la production d’électricité à l’horizon 2025 reste à détailler, alors que seul l’arrêt de la centrale de Fessenheim (Haut-Rhin) est aujourd’hui programmé en 2018.
« L’heure n’est pas à la fête! Les objectifs de la loi ne seront jamais atteints avec ce texte », s’est insurgé Cyrille Cormier, chargé de campagne énergie à Greenpeace, qui a décliné l’invitation de l’Elysée.
Dans les énergies renouvelables, le bilan est « globalement satisfaisant », juge Jean-Louis Bal, président du Syndicat des énergies renouvelables. Mais les textes détaillant le nouveau mécanisme de soutien financier à ces énergies doivent encore recevoir le feu vert de Bruxelles, privant la filière de visibilité, regrette-t-il.
Autre déception: le bâtiment, où les textes d’applications, déjà publiés ou sur le point de l’être, sont « en dehors des clous » pour atteindre les 500.000 rénovations par an à partir de 2017, selon France Nature Environnement.
AFP- Par Martine PAUWELS et Dominique SCHROEDER