Le manuel de la FAO et du HCR offre de nouvelles possibilités visant à aider les populations déplacées à accéder aux combustibles destinés à la cuisine. L’idée est également de réduire les dégâts environnementaux et d’éviter les conflits avec les communautés locales.
Selon le HCR, le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, à la fin de l’année 2015, plus de 65 millions de personnes à travers le monde avaient été déplacées à la suite de persécutions, de conflits, de violations des droits de l’homme ou encore de violences généralisées, un grand nombre d’entre eux vivant dans des camps de réfugiés ou dans des campements improvisés.
Le combustible destiné à la cuisine est un élément central de la vie des populations déplacées et de celles des communautés qui les accueillent. Il est indispensable pour leur sécurité alimentaire et leur nutrition.
Mais le nombre croissant de réfugiés et de personnes déplacées exerce souvent une forte pression sur les forêts en raison de leurs besoins en biocombustibles, tels que le bois ou encore le charbon. Si elle n’est pas maîtrisée, cette concurrence accrue pour les ressources naturelles pourrait créer des conflits avec les populations locales.
La surexploitation des ressources forestières, dont le bois est utilisé comme combustible, peut également conduire à la dégradation des forêts ou à la déforestation dans les zones aux alentours des camps.
Il existe également d’autres risques.
Les maladies respiratoires provoquées à force de cuisiner au-dessus des flammes à l’air libre et le recours à des technologies de cuisson inefficaces constituent une autre source d’inquiétude au sein des communautés déplacées. Là où le bois se fait rare, les populations se voient contraintes de dépenser leurs salaires ou encore de vendre leurs rations alimentaires pour acheter du combustible. Un approvisionnement inadéquat en combustible peut également se révéler problématique en réduisant le temps de cuisson nécessaire aux aliments ou encore en faisant sauter des repas.
Une méthode par étapes pour une évaluation minutieuse
Le nouveau manuel technique intitulé «Evaluer l’offre et la demande en matière de bois combustible lors des déplacements de population» propose une méthodologie afin d’aider les travailleurs humanitaires et les responsables de camps à faire face à ce type de problèmes.
Le manuel décrit chaque étape du processus nécessaire afin d’évaluer les besoins en énergie ainsi que la nature et la disponibilité des ressources locales en bois combustible. Il est également question d’utiliser un système d’information géographique et des données de télédétection pour cartographier la répartition et l’évolution des ressources en biomasse ligneuse au fil du temps.
La méthodologie s’appuie sur des données collectées à partir d’un inventaire mené sur le terrain, des images satellitaires de haute résolution et des données socio-économiques et techniques pertinentes qui permettent de réaliser une évaluation approfondie de l’offre et la demande en matière de bois combustible.
Le camp Shimelba dans la région du Tigray, au nord de l’Ethiopie, est l’un des endroits où cette méthode a été testée. Etabli en 2004, le camp accueille à présent près de 6000 personnes, qui ont un accès très limité aux ressources naturelles.
Alors que le bois se fait de plus en plus rare dans la zone, les résidents doivent parcourir de longues distances (parfois pendant plus de 9 heures) pour ramasser du bois combustible.
La population locale a fait part de son mécontentement à propos de la situation et les femmes refugiées, en particulier, se sont dites inquiètes pour leur sécurité lorsqu’elles partent ramasser du bois.
Dans le cas du camp Shimelba, le processus d’évaluation a démontré une dégradation de la forêt et des arbustes. La méthodologie a également aidé les responsables du camp à estimer les stocks de biomasse ligneuse aérienne disponibles et d’en anticiper les variations.
Selon les auteurs du manuel, les informations obtenues à travers cette démarche permettent aux responsables de camps et aux autres personnes intervenant sur le terrain de prendre des décisions en meilleure connaissance de cause. Les données collectées peuvent ainsi être utilisées pour surveiller la consommation de combustibles, soutenir les décisions liées au développement des activités de reboisement ou encore proposer des changements sur la provenance et l’utilisation des combustibles, avec par exemple l’introduction de combustibles alternatifs et de technologies de cuisson plus efficaces.
Le manuel souligne que de nombreuses variétés d’arbres et de systèmes forestiers, à savoir les plantations forestières mixtes ou les systèmes intégrés de production énergétique et alimentaire (ex. agroforesterie, systèmes de cultures multiples), sont également des sources de bois combustible.