Gare aux rayons cosmiques : les astronautes d’Apollo meurent davantage de maladie cardiovasculaire que leurs homologues restés plus près de la Terre, sans doute en raison d’une exposition plus forte aux radiations venues de l’espace, révèle une étude.

Les astronautes de ce programme de la NASA qui a permis à l’Homme de faire ses premiers pas sur la Lune sont les seuls humains à avoir voyagé au-delà de la magnétosphère qui protège la Terre d’une partie de ces radiations.

Alors que les États-Unis envisagent d’envoyer un vol habité sur Mars à l’horizon 2030, que le milliardaire Elon Musk pense y parvenir dès 2024 et que la Lune attire à nouveau les puissances spatiales, ces travaux confirment que l’excitante conquête spatiale présente un risque pour la santé.

« Nous connaissons très peu les effets des radiations de l’espace sur la santé humaine, particulièrement sur le système cardiovasculaire » (coeur et circulation sanguine), souligne Michael Delp, principal auteur de l’étude publiée jeudi dans Scientific Reports. « Elle nous donne un premier aperçu de l’impact négatif que ces radiations peuvent avoir sur les hommes », ajoute ce chercheur de l’Université d’État de Floride (FSU).

Le programme Apollo de la NASA s’est déroulé entre 1961 et 1972. Il a été marqué par le premier pas de l’Homme sur la Lune le 21 juillet 1969 (Apollo 11).

Neuf des onze vols habités d’Apollo sont allés au-delà de l’orbite terrestre basse, dans laquelle se trouve actuellement la Station Spatiale Internationale (ISS).

Sur les 24 hommes du programme Apollo qui ont volé dans l’espace lointain, huit sont désormais morts. L’étude prend en compte seulement sept de ces décès, Edgar Mitchell étant décédé en février 2016 alors que les données étaient déjà rassemblées.

« Quarante-trois pour cent des décès des astronautes d’Apollo sont dus à un problème cardiovasculaire», relève l’étude. « C’est près de cinq fois plus » que pour les astronautes décédés qui n’ont jamais volé (9 %). Et « quatre fois plus » que pour ceux qui sont restés dans l’orbite basse de la Terre (11 %), note l’étude.

« Ces résultats suggèrent que les vols habités dans l’espace lointain pourraient être plus dangereux sur le plan cardiovasculaire qu’on ne le pensait auparavant », ajoutent les scientifiques.

Les astronautes diffèrent de la moyenne de la population générale dans la mesure où ils font l’objet d’une exigeante sélection, qu’ils font du sport, qu’ils ont un haut niveau d’éducation et des revenus élevés, qu’ils bénéficient d’un suivi médical régulier, etc. Autant de facteurs positifs pour la santé. C’est pourquoi les chercheurs ont choisi de comparer la mortalité des membres d’Apollo à celle d’autres astronautes.

Les scientifiques n’ont pas trouvé de différences entre les astronautes sur le plan des cancers.

Pour aller plus loin, les chercheurs ont mené des expériences sur des souris en les exposant au type de radiations subies par les astronautes d’Apollo. Au bout de six mois (l’équivalent de 20 ans pour un homme) – elles ont présenté des atteintes des artères.

« Cela montre que les radiations de l’espace lointain sont mauvaises pour la santé vasculaire », souligne Michael Delp.

Avec les projets de vols habités pour Mars ou de missions sur la Lune, « les risques pour la santé vont augmenter », avertit l’étude.

Durant leur long voyage interplanétaire, les astronautes seront exposés à toutes sortes de radiations ionisantes, dont des rayons cosmiques galactiques et des particules énergétiques solaires liées à l’activité du Soleil.

Une précédente étude, publiée en 2015 dans Science Advances, a déjà montré que l’exposition à des radiations de l’espace endommage le système nerveux central et entraîne des déficiences cognitives permanentes, selon des expériences sur des souris.

La NASA travaille à trouver des protections efficaces contre ces radiations.

 

AFP

Publisher: Lebanese Company for Information & Studies
Editeur : Société Libanaise d'Information et d’Etudes
Rédacteur en chef : Hassan Moukalled


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