Pour une femme, choisir un métier dans la construction annonce un parcours parfois difficile. Si les temps changent, un travail énorme doit être fait encore aujourd’hui pour faciliter leur intégration. Mais l’avenir est prometteur pour celles qui suivent leur passion. Rencontre avec des femmes inspirantes qui ne regrettent aucunement leur choix de carrière.

Depuis quelques années, les gouvernements encouragent la mise en place de mesures pour faciliter l’accès des femmes aux métiers traditionnellement masculins, comme c’est le cas avec la construction. De leur côté, les femmes se mobilisent également. Les initiatives ne manquent pas et l’organisme Les Elles de la construction est un excellent exemple.

La Loi sur les relations de travail, la formation professionnelle et la gestion de la main-d’oeuvre dans l’industrie de la construction a confié à la Commission de la construction du Québec (CCQ) la responsabilité de coordonner un programme d’accès à l’égalité. Même si l’organisation n’est pas un employeur, elle a tout de même un pouvoir réglementaire. Et pour y arriver, il fallait des actions concrètes.

« De juste plaquer des actions, des recommandations, ce n’était pas assez, explique Diane Lemieux, présidente-directrice générale de la CCQ. On a plutôt fait beaucoup de travail terrain, on a fait des événements dans l’industrie, des consultations très larges incluant l’industrie, les syndicats, les employeurs et les ministères et chaque occasion permettait de soulever des pierres. »

Ce travail a mené au récent dévoilement du Service d’accompagnement pour l’intégration des femmes dans l’industrie de la construction de la CCQ. Avec ce programme et une série d’autres mesures, l’objectif est d’atteindre une représentation de 3 % de femmes dans l’industrie d’ici 2018. Elle se chiffre actuellement à 1,5 %.

UN AVENIR POSITIF

Selon Mme Lemieux, qui entrevoit l’avenir avec optimisme, d’excellentes bases ont été établies. « Globalement, ceux qui ont un rôle de leadership l’exercent avec beaucoup plus de force et d’enthousiasme qu’avant. Les gens se sentent davantage responsabilisés [par rapport à la situation des femmes dans l’industrie de la construction] et font des gestes concrets. Ça m’apparaît assez majeur. Ceux qui ne voulaient pas avoir de femmes dans l’industrie de la construction, il est trop tard, la machine est partie, on ne peut pas reculer. Dorénavant, on ne peut qu’améliorer la situation. »

La présidente du regroupement Les Elles de la construction, Rose Fierimonte, abonde dans le même sens. « Le visage de l’industrie va changer avec la présence des femmes. Ça fait 27 ans que je suis entrepreneure générale et je le vois sur les chantiers. »

Avec plus de 600 membres, l’organisme Les Elles de la construction est là pour aider les femmes à faire leur place dans l’industrie, mais aussi pour souligner les bons coups et encourager le réseautage. « Groupes de soutien, accompagnement, événements, cours et formations, visites d’entreprises, mentorat, etc. », énumère Mme Fierimonte.

L’ENTRAIDE ET LE RÉSEAUTAGE

Le regroupement des Elles de la construction travaille aussi en amont, sur les bancs d’école. « Il faut savoir que même si elles performent très bien sur le plan académique, c’est difficile pour les femmes de trouver un stage et un emploi. On les invite à participer à nos activités de réseautage et on les intègre dans nos événements dès le début de leur formation », explique la présidente.

Actuellement, les activités se déroulent principalement dans les grands centres urbains, mais Rose Fierimonte souhaite des points de service partout dans la province pour mieux répondre aux besoins des membres.

« On connaît les bonnes entreprises, celles qui sont ouvertes à l’intégration des femmes. Il y en a plus qu’on pense. On souligne et encourage leurs bonnes actions et on dirige nos membres vers ces gens-là », ajoute Mme Fierimonte.

ELLES ONT RÉUSSI

Le portrait n’est pas que sombre pour les femmes dans l’industrie de la construction. À ce titre, les histoires de succès se multiplient. En voici quatre.

VALÉRYE DAVIAULT – Chargée de projet

Elle a terminé une technique en architecture, mais elle souhaitait quelque chose de plus terrain, plus concret que les plans et devis. Valérye Daviault s’est lancée dans le marché du travail comme stagiaire dans une entreprise de toiture. Elle a gravi les échelons jusqu’à son poste actuel de chargée de projet.

Avec la même équipe depuis six ans, elle a fait ses preuves. « Au départ, c’était une question de crédibilité. J’avais 20 ans, je suis une femme, je mesure 4 pi 10 po et j’arrivais sur le chantier pour leur dire quoi faire… », illustre celle qui travaille au sein d’une entreprise familiale. « Lorsque l’on m’a délégué des projets, j’ai été confrontée au fait que les gens sur le terrain voulaient parler au père ou aux fils. Après nos discussions, ils prenaient le téléphone et les appelaient. Mes patrons m’ont beaucoup aidée en leur rappelant que c’était à moi de prendre les décisions. »

Un organisme comme Les Elles de la construction est essentiel, selon Valérye Daviault. « On a les mêmes passions, on partage les succès, c’est inspirant et encourageant. C’est la petite tape dans le dos qui fait la différence. »

STÉPHANIE CLICHE – Peintre en bâtiment

Stéphanie Cliche a travaillé au sein du gouvernement fédéral jusqu’à l’âge de 40 ans. Lassée du caractère répétitif de son emploi, elle remet tout en question et songe à l’industrie de la construction.

Dès son premier jour d’école, elle s’est donné un rôle de leader positif pour créer un sentiment de cohésion avec les sept autres femmes qui étudiaient avec elle. « Quand tu termines un cours de construction, on dit « Bravo ». Mais mercredi soir, tu gradues. Jeudi matin, tu es toute seule quand tu es une femme. J’en ai envoyé des CV, peut-être 300… Ça m’a pris un an pour trouver ma première job », confie Stéphanie Cliche.

Aujourd’hui, elle travaille à la Ville de Montréal comme peintre à l’arrondissement de Rosemont-La Petite-Patrie : « Je ne m’étais pas laissée d’autres options que de réussir. Mais j’y suis arrivée. »

Bien impliquée au sein des Elles de la construction, elle veut aider les filles à ne pas se laisser abattre. « On est meilleure pour défendre les autres que s’aider soi-même. Je veux être proche des jeunes filles pour les aider là-dessus », promet Mme Cliche.

CINDY LUCIO – Chargée de projet et développement des affaires

La construction, ce n’était pas le plan initial. Elle appelle ça une déviation de parcours, alors qu’elle était à l’université. Après avoir terminé une thèse en psychologie, Cindy Lucio a réalisé que ce n’était pas pour elle.

Une occasion s’est présentée pour qu’elle se joigne à une entreprise en construction, un rêve qu’elle avait depuis longtemps. « J’ai touché à tous les domaines jusqu’à devenir chargée de projet. J’ai été chanceuse de trouver une entreprise très ouverte. Ça a facilité mon intégration. »

Ce qui était difficile, c’était de bâtir une crédibilité auprès des hommes de métier, mais elle y est arrivée. Elle admet avoir eu de la difficulté avec les autres femmes aussi, comme quoi l’entraide fait parfois place à la compétition sur le terrain.

Faire sa place en tant que femme ? On ne doit pas voir ça comme un obstacle. « C’est une motivation. J’ai l’impression d’avoir accompli encore plus. C’est gratifiant. Il y a une belle reconnaissance et il y a de la place pour grandir. Il ne faut pas avoir peur », dit Cindy Lucio.

SYLVIA CHOUINARD – Entrepreneure générale

L’an dernier, Sylvia Chouinard a mis de côté sa carrière en neuropsychologie pour se consacrer à temps plein à son entreprise Les habitations Chouinard.

De par son rôle, c’est elle qui attribue les contrats. « Les gens sont mal placés pour faire des commentaires parce que je suis une femme. Je décide avec qui je travaille. Il y a encore beaucoup de travail à faire pour l’intégration des femmes, je suis dans une position plus facile que celle des femmes de chantier. »

Quand c’est possible, elle essaie de choisir des entreprises qui ont des femmes dans l’équipe. « Ça crée une dynamique différente sur les chantiers », observe-t-elle.

Elle insiste sur le fait qu’il faut nuancer les choses lorsque l’on parle des difficultés vécues par les femmes dans la construction. « Il y a des embûches, mais aussi des succès. Il ne faut pas décourager celles qui veulent aller travailler dans l’industrie. Quand on est motivé et qu’on aime ce qu’on fait, on réussit. »

À partir d’octobre, Sylvia Chouinard sera la prochaine présidente des Elles de la construction.

MARIE-LISE PILOTE : HUMOUR ET CONSTRUCTION

En plus d’avoir animé sept saisons de Ma maison Rona, Marie-Lise Pilote a été, pendant cinq ans, porte-parole de Chapeau les filles, un programme qui souligne la volonté et le travail des femmes qui se dirigent vers un métier traditionnellement masculin. L’humoriste se dit sensible aux enjeux que vivent les femmes dans la construction.

Consciente qu’il y a encore beaucoup de travail à faire pour que les femmes prennent leur place dans le monde de la construction, elle y voit aussi un parallèle évident avec un milieu dans lequel elle évolue depuis 32 ans : l’humour.

Marie-Lise Pilote connaît Les Elles de la construction depuis le jour un. « J’ai toujours eu un sentiment d’appartenance à ce groupe parce que je me reconnaissais dans ça, étant moi-même une fille non traditionnelle. »

« Le monde de l’humour à l’époque où j’ai commencé, c’était vraiment un milieu masculin. Tu ne te reconnais pas dans les personnes avec qui tu travailles, tu réalises que tu fais les choses différemment, tu ne dis pas les choses de la même façon… Alors la première fois où je me suis retrouvée avec des femmes qui travaillaient dans la construction, j’ai tout de suite senti des affinités avec elles. »

C’est pour cette raison qu’elle s’implique toujours auprès de l’organisation et qu’elle a accepté d’animer la soirée Elles reconnaissent. « C’est pour souligner les réalisations de femmes dans le domaine. C’est aussi pour remercier les hommes, parce qu’il y en a qui croient profondément que les femmes ont leur place dans le domaine de la construction », ajoute Marie-Lise Pilote.

La soirée Elles reconnaissent aura lieu le 6 octobre prochain

PILOTE & FILLES : DES VÊTEMENTS POUR FEMMES

Marie-Lise Pilote et l’équipe de NAT’S, une entreprise de Québec, travaillent ensemble sur le projet Pilote & Filles, qui offre des vêtements pour les femmes qui travaillent dans des milieux non traditionnels. « Je me suis toujours dit que s’il n’y a pas de vêtements pour les femmes dans ce métier-là, si on doit se déguiser en gars pour aller travailler, comment peut-on arriver à s’intégrer et rester nous-mêmes ? Pilote & Filles, c’était pour amener de la couleur dans le monde de la construction », explique Marie-Lise Pilote.

source: http://www.lapresse.ca/vivre/societe/201608/19/01-5012062-construction-les-femmes-font-leur-place.php

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