La clinique aurait laissé des secrétaires poser des gestes médicaux, allègue un reportage de Radio-Canada

Interpellé par les allégations concernant « des procédures et médicaments inutiles ainsi que les gestes réservés aux professionnels de la santé posés par des personnes non formées », le Collège des médecins du Québec (CMQ) pourrait enquêter sur les pratiques de l’Institut de l’œil des Laurentides.

« La situation sera signifiée au syndic du Collège pour enquête », a indiqué au Devoir la responsable des communications de l’ordre professionnel, Caroline Langis.

Ce sont les révélations de l’émission Enquête, à ICI Radio-Canada, qui suscitent cette réaction.

Selon une ex-employée de l’Institut qui a témoigné anonymement, des gouttes non requises médicalement étaient administrées et facturées aux patients. De plus, toujours selon ce témoignage, des tests non effectués étaient parfois facturés aux patients. Enfin, des réceptionnistes auraient effectué certains tests alors qu’elles n’y sont pas légalement autorisées.

Selon le reportage, dont la version complète sera diffusée jeudi soir, le contrat qui liait cette clinique au réseau de la santé entre 2010 et 2014 a été très lucratif pour ses actionnaires. Une déclaration de revenus de 2011 obtenue par les journalistes indiquerait que la clinique a engrangé 4,9 millions de dollars nets pour cette seule année.

Pendant ce temps, en plus de la rémunération versée par la RAMQ (325 $) et des débours du réseau public dans le cadre de l’entente (850 $), les patients se voyaient facturer des frais accessoires de 200 $ pour une chirurgie de la cataracte.

L’Institut de l’œil des Laurentides figure d’ailleurs à la liste des cliniques mises en cause dans une demande d’autorisation de recours collectif de patients contre les frais accessoires payés pendant de nombreuses années.

Le ministre réagit

« J’ai mis fin [à l’entente avec l’Institut de l’œil des Laurentides] dans la première semaine suivant mon assermentation comme ministre, parce que c’était abusif », a déclaré le ministre de la Santé et des Services sociaux, Gaétan Barrette, lors d’une mêlée de presse jeudi matin.

Il a ajouté que les situations comme celle décrite dans ce reportage l’ont motivé à abolir les frais accessoires. « C’est une manne, une machine à imprimer les dollars qui vont directement dans les poches des médecins », a-t-il ajouté.

L’Institut de l’œil des Laurentides a réagi dans un communiqué publié en après-midi, jeudi. « Prétendre que les ophtalmologistes se sont enrichis indûment relève de la mauvaise foi », écrit la clinique, qui affirme que les ententes ont permis de « réduire de façon drastique les listes d’attente ». L’Institut réfute également d’avoir délégué des actes médicaux à du personnel qui n’avait pas les compétences pour les poser.

Le p.d.-g. du CISSS des Laurentides, qui n’était pas en poste au moment des faits rapportés par l’émission Enquête, croit que l’entente était nécessaire à l’époque pour éviter les bris de service pendant que l’hôpital de Saint-Jérôme était en rénovation. « C’est l’encadrement de l’entente qui, pour moi, a été déficient », note Jean-François Foisy en entrevue. La note a été de 34,2 millions de dollars au total.

Aujourd’hui, se réjouit-il, les patients ont accès aux services à l’hôpital en moins de trois mois. « Il y a 16 patients en attente présentement seulement », précise M. Foisy.

Publisher: Lebanese Company for Information & Studies
Editeur : Société Libanaise d'Information et d’Etudes
Rédacteur en chef : Hassan Moukalled


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