Le milliardaire américain a créé Neuralink, une société de recherche médicale dédié à l’étude du cerveau. Elle cherchera d’abord à traiter des maladies comme Parkinson, Alzheimer ou certains types de dépression. Dans un second temps, elle étudiera comment améliorer les performances du cerveau en lui ajoutant une interface permettant de communiquer directement avec un ordinateur.
Comment empêcher que les intelligences artificielles dominent le monde? Plutôt que de chercher à limiter les IA, Elon Musk, le milliardaire américain veut doper les performances du cerveau humain. Après les voitures électriques et les vols spatiaux, il se lance dans une nouvelle activité, entre la biologie et la neurochirurgie. Le Wall Street Journal a dévoilé hier l’existence de cette nouvelle société, Neuralink. Créée en juillet 2016 dans l’état du Delaware (un paradis fiscal américain), comme société de » recherche médicale « , elle est restée secrète jusqu’à la parution de l’article du quotidien. Elon Musk a annoncé sur Twitter qu’un article plus détaillé serait bientôt mis en ligne sur le site de Waitbutwhy.
Une idée farfelue
La fusion du cerveau et d’un ordinateur peut sembler une idée farfelue mais Elon Musk, s’il est fantasque, n’a rien d’un doux rêveur. Pour l’instant, les interfaces « cerveau-ordinateur » n’existent que dans les œuvres de science-fiction. La médecine utilise déjà des électrodes et des implants pour stimuler le cerveau, en particulier pour combattre les effets de la maladie de Parkinson, l’épilepsie et les maladies neurodégénératives. L’utilisation d’électrode directement dans le cerveau reste très rare alors que les pacemakers ou les dispositifs médicaux posés à l’intérieur du corps sont aujourd’hui communs. Tout simplement parce que la moindre opération touchant directement le cerveau est terriblement dangereuse et nos connaissances sur le fonctionnement du cerveau sont encore très fragmentaires.
Business model
Elon Musk n’est pas seul à se lancer dans une telle aventure. D’autres entreprises, comme Kernel, une startup créée par Braintree, s’est fixé un objectif similaire et dispose de 100 millions de cash pour commencer. Selon le Wall Street Journal, il chercherait à développer une technologie de « dentelle neuronale ». Elle servirait d’abord à traiter des maladies comme l’épilepsie ou certains types de dépression. En cas de succès, les traitements pourraient générer de substantiels bénéfices qui seraient réinvestis dans la recherche sur l’amélioration du cerveau grâce à ces implants sophistiqués. Le business model d’Elon Musk est toujours peu ou prou le même: commencer par des améliorations immédiatement rentables avant de se fixer un objectif très ambitieux à long terme. SpaceX va d’abord effectuer des vols commerciaux assez simples et rentables avant de se lancer à la conquête de Mars.
Dentelle de neurones
La technologie d’Elon Musk repose sur la notion de dentelles ou de lacis neuronaux, autrement dit des neurones artificiels reliés entre eux par des réseaux complexes. Ces fils seraient ensuite connectés aux neurones humains, un peu comme un filet de pêche attaché à des bouées. L’idée sous-jacente, qui n’est pour l’instant qu’une hypothèse, étant qu’en augmentant le câblage, on augmente la capacité du cerveau. Dans les premiers modèles, la connexion des neurones avec un ordinateur se ferait par des fils. Dans l’étape suivante, la connexion se ferait sans fil.
L’homme, animal domestique d’une IA
Mais pourquoi augmenter la capacité du cerveau? Les motivations d’Elon Musk peuvent paraître étranges. Selon la théorie de la singularité, l’humanité ne serait pas très éloignée du moment où l’intelligence artificielle deviendra plus puissante que celle du cerveau humain. Il serait déjà trop tard pour tenter de faire machine arrière et les prémices d’une telle « super-intelligence » sont déjà en place. En 2015, Elon Musk et Stephen Hawking ont cosigné une lettre ouverte appelant à faire des recherches sur les impacts sociétaux de l’IA, en insistant sur le danger à créer quelque chose qui échapperait à notre contrôle. Très conscient des risques qu’une telle situation pourrait faire courir à l’humanité, Elon Musk pense avoir trouvé un moyen sinon d’éviter, du moins de retarder le moment de la singularité en dopant les capacités du cerveau humain. De cette façon, il espère redonner une longueur d’avance à l’humain sur la machine pour l’empêcher de devenir « l’animal domestique » d’une intelligence artificielle.