L’Europe est entrée dans une ère de phénomènes météorologiques extrêmes. Ceci a été annoncé par un rapport présenté le mercredi 29 mars 2017 par l’Agence européenne de l’environnement (EEE), qui stipule que les ondes de chaleur, les inondations, les sécheresses et les orages deviendront de plus en plus fréquentes et intenses à travers le continent à la suite du changement climatique En outre, le document note que les changements dans le climat mondial ont déjà commencé à avoir un impact négatif sur la santé, la nature et l’économie de la communauté.
Les experts font remarquer que le sud du continent sera un «point critique», l’un des domaines qui subira le plus des conséquences du changement climatique. « Les données climatiques qui ont émergé ces dernières années soulignent combien il est urgent d’atténuer et de s’adapter aux changements climatiques », explique Hans-Martin Füssel, coordinateur de recherche.
Les régions du sud enregistrent déjà une augmentation accrue des températures maximales et des niveaux de précipitations plus faibles, ainsi qu’une diminution du débit des rivières. La combinaison de ces facteurs augmente considérablement la survenue de sécheresses – le rapport indique au nord de l’Espagne une zone de risque – ce qui entraînera des dommages aux cultures, la détérioration de la biodiversité et un risque accru d’incendies de forêt.
Les responsables de l’étude demandent aux gouvernements et aux institutions communautaires d’adopter des politiques et des stratégies plus efficaces et plus souples pour s’adapter à cette nouvelle réalité. Ils soulignent que le succès de ces mesures sera crucial pour atténuer l’impact du changement climatique sur la santé des citoyens européens ainsi que sur l’économie du continent. «La gestion adaptée implique des plans qui s’adaptent à ces circonstances changeantes», explique André Jol, responsable du Groupe de vulnérabilité et d’adaptation de l’EEE, «et compte tenu des incertitudes quant à l’avenir et constamment mis à jour avec de nouvelles informations basées sur le suivi et l’évaluation».
Effets sur la santé et l’économie
Ces effets incluent les ondes de chaleur et les changements dans la distribution des maladies infectieuses. Dans les pays de la Méditerranée, comme l’Espagne, la Grèce et Chypre, une augmentation de la mortalité due à des températures élevées est attendue. La propagation d’insectes tels que les tiques et d’autres agents pathogènes (comme le moustique tigré asiatique) augmentera le risque de développer des pathologies telles que l’encéphalite transmise, le virus du Nil occidental ou la fièvre de la dengue. D’autre part, on s’attend à ce que le nombre d’inondations qui ont causé des millions de blessures, de décès et de maladies dans toute l’Europe au cours de la dernière décennie augmentera.
Les effets du changement climatique porteront également sur les poches des Européens et des caisses communautaires. Selon les données de l’EEE, les phénomènes météorologiques extrêmes ont coûté plus de 400 milliards d’euros en Europe depuis 1980. En Espagne, ce chiffre est d’environ 1 milliard par an et les prévisions indiquent que les dégâts dans la région des pays méditerranéens sont les plus susceptibles d’augmenter La prochaine décennie. Les estimations pour 2050 parlent également de l’augmentation de la demande d’eau et de la consommation d’énergie, surtout en été.
Le rapport rappelle également que les effets du changement climatique en dehors des frontières de l’UE auront des conséquences internes en raison des phénomènes migratoires, de l’instabilité géopolitique et des menaces pour la sécurité. « Nous sommes maintenant plus conscients de la vulnérabilité de l’Europe aux événements climatiques hors d’Europe », conclut Füssel.
Impact sur la biodiversité
Le rapport indique que de nombreuses espèces d’animaux et de plantes subissent des changements dans leurs cycles de vie et leurs habitudes migratoires. En Espagne, certains insectes comme l’abeille (Apis mellifera) font progresser chaque année leur apparition, un phénomène lié aux sources de chaleur de plus en plus chaudes. Dans la Cordillère des Pyrénées, les hêtres (Fagus sylvatica) apparaissent aujourd’hui à des altitudes de 70 mètres de plus qu’en 1940. En outre, les changements dans les écosystèmes aident certaines espèces envahissantes à se consolider dans de nouveaux habitats.
L’augmentation du niveau de la mer rend les zones côtières et les «points critiques» des plaines alluviales, car le risque d’inondation augmente. Les espèces marines, y compris les populations clés pour le secteur de la pêche, migrent de plus en plus vers le nord et l’acidification des océans menace de créer des « zones mortes » au large des côtes européennes.
Dans ce contexte, le rapport, élaboré en collaboration avec d’autres organismes communautaires, appelle à une plus grande cohérence dans la communication entre les différentes sphères politiques et gouvernementales, une gestion plus flexible de l’environnement et un renforcement du développement des solutions technologiques. D’autre part, les chercheurs soulignent que des outils de mesure améliorés contribueraient à mieux évaluer les risques.