Une étude menée par des chercheurs de l’Université Politécnica de Madrid (UPM) et de l’Université Complutense de Madrid (UCM) suggère des alternatives d’adaptation au changement climatique de la production de riz dans les zones humides de Doñana (Espagne).
Le changement climatique est un défi mondial avec des conséquences croissantes au niveau local. Selon une étude publiée dans la gestion des ressources en eau, l’état accéléré du changement climatique affecte déjà la production de riz et l’écosystème naturel dans les zones humides de Doñana et la disponibilité de l’eau pour l’agriculture dans cette zone.
L’objectif de cette recherche, menée par des experts d’UPM et d’UCM, était d’identifier des options flexibles d’adaptation au contexte environnemental, social et politique local en utilisant une combinaison de méthodologies quantitatives et qualitatives, y compris la participation active de divers groupes d’intérêts.
La production de riz dans les zones humides côtières fournit des services écosystémiques essentiels tels que le contrôle des inondations et l’entretien de l’habitat des espèces protégées. Le riz a été introduit au 10ème siècle dans la péninsule ibérique. Aujourd’hui, le riz ibérique représente environ le quart de la production totale de riz de l’Union européenne, presque exclusivement cultivée dans les zones humides côtières d’Espagne, avec des inondations permanentes.
« La gestion intensive de l’eau requise pour produire des peuplements de riz est un élément crucial puisque l’approvisionnement en eau douce se détériore à un rythme sans précédent », explique la chercheuse Ana Iglesias du groupe d’Hydroinformatique et de gestion de l’eau. Elle ajoute: « Nous explorons ici des options flexibles d’adaptation au changement climatique dans les zones humides de Doñana – un site du patrimoine mondial et de la biodiversité – de deux points de vue: quelles sont les options politiques pour la gestion de l’eau agricole en vue du changement climatique? pour une meilleure adaptation? »
La première question est abordée en simulant la disponibilité de l’eau pour les agriculteurs avec le modèle WAAPA (Water Availability and Adaptation Policy Assessment) développé à l’UPM. Ce modèle simule les résultats possibles pour la disponibilité de l’eau pour les stratégies d’adaptation dérivées des groupes d’intérêt: agriculteurs, environnementalistes et acteurs administratifs.
La deuxième question a été abordée au moyen d’une recherche participative. Les options d’adaptation sont encadrées selon le contexte environnemental, social et politique local. Les processus décisionnels des options d’adaptation varient selon les points de vue des parties prenantes et les résultats suggèrent que la perception des nouvelles infrastructures de l’eau et des subventions agricoles domine le processus décisionnel.
L’interrelation des composantes qualitatives et quantitatives de l’étude a permis aux chercheurs d’élaborer différentes interventions potentielles de politiques liées à la gestion de l’eau et de fournir une estimation quantitative de leur efficacité. Par exemple, une politique visant à améliorer l’utilisation urbaine de l’eau pourrait atteindre des améliorations majeures de la disponibilité de l’eau pour l’irrigation et, à son tour, éviter une réduction de l’eau pour l’utilisation de l’environnement par la politique d’adaptation.
Cependant, les simulations ont montré que l’effet de l’amélioration de la disponibilité de l’eau de cette politique n’était pas significatif. En outre, les chercheurs ont également étudié les options d’adaptation pour améliorer la gestion de l’eau par des interconnexions reliant les masses d’eau en amont aux rizières. Ces simulations ont clairement montré une amélioration de moins de 20% sauf dans quelques sous-bassins.
Cependant, l’adoption de ce type de politique a été particulièrement controversée parmi les parties prenantes et ces données sont pertinentes quand il s’agit de prendre des décisions.
Les données fournies dans cette étude ont été utilisées pour élaborer les options d’adaptation finales menées dans ce domaine dans le cadre du programme d’adaptation aux changements climatiques. En conclusion, Ana Iglesias dit: «on peut dire que notre recherche contribue à la définition de la production durable de riz en Europe».
La Source: http://bit.ly/2wSt0TP