Marie TIHON | Le concours initié par la Campagne de Dalieh n’est pas un concours comme un autre. Il présente un enjeu particulier, celui de préserver un site emblématique de l’histoire de Beyrouth sur lequel pèsent des craintes de construction d’un grand projet privé qui, de facto, en empêchera l’accès au public. « Notre objectif n’est pas simplement de résister au projet privé mais d’apporter des alternatives à partir d’idées fournies par les participants en vue de rendre à ce site sa fonction d’espace public », avait déclaré Abir Saksouk-Sasso, architecte et militante de la Campagne de Dalieh, lors de la conférence de presse annonçant la compétition. Cette compétition aux allures d’action citoyenne se veut multidisciplinaire. Elle mobilise aussi bien des étudiants que des architectes paysagistes, des experts en biodiversité, des avocats, des économistes et des urbanistes autour d’un concours d’idées dans le but d’améliorer, de maintenir et de préserver les activités sur ce site. Les membres de la Campagne de Dalieh s’attendent à recevoir des projets comprenant un plan du site détaillé avec, entre autres, le traitement du paysage et de l’écologie, ainsi qu’une réflexion sur l’accessibilité du lieu. Il s’agit également d’encourager les participants, individuels ou bien en groupes, à parler aux gens qui utilisent cet espace quotidiennement, notamment les pêcheurs du port de Dalieh, pour comprendre leurs visions et concilier les intérêts de tous. Une cinquantaine de futurs participants se sont d’ailleurs déjà rendus sur le site lors de deux visites organisées par les membres de la Campagne de Dalieh. Depuis le 24 avril, date de l’ouverture des inscriptions, une quinzaine de participants se sont enregistrés en ligne. Le 5 mai les inscriptions en ligne seront clôturées. Toutefois, les participants auront jusqu’au 26 mai pour soumettre leurs projets. Un exemple pour Beyrouth Selon Sarah Lili Yassine, urbaniste et membre de la Campagne, l’objectif de ce concours est double. « Au début, nous avions réfléchi aux lignes directrices d’un éventuel projet pour le site. Mais comme nous n’avions aucune autorité sur cet espace, nous avons préféré ouvrir le dialogue avec d’autres experts et usagers de cette côte afin d’élaborer une pensée collective pour une meilleure gestion de Dalieh du point de vue écologique, économique et légal », explique-t-elle. C’est dans cette optique que les membres de la Campagne de Dalieh ont créé une plate-forme en ligne (www.dalieh.org) afin d’informer et de sensibiliser les citoyens aux enjeux de ce lieu. « Nous espérons aussi que le cas de Dalieh pourra servir d’exemple pour lancer une réflexion différente autour des espaces publics et privés à Beyrouth », ajoute l’urbaniste. Afin d’impliquer davantage les citoyens à repenser cet espace public, les militants ont mis en place une campagne de financement participatif sur le site Internet : www.indiegogo.com/projects/dalieh-ideas-competition. La somme récoltée assurera la présence d’un jury international de qualité, avec, à la clé de ce concours, une exposition des meilleurs projets à la « Beirut Design Week » qui aura lieu en juin. Un soutien politique Cette compétition reçoit l’appui du ministère de l’Environnement qui reconnaît l’importance d’un tel projet. Les démarches du ministre Mohammad Abdallah Machnouk convergent d’ailleurs avec les objectifs de la Campagne de Dalieh : il a récemment soumis un projet de décret pour classer Dalieh comme étant un site naturel. Cette loi obligerait de ce fait tout propriétaire des terrains adjacents aux biens-fonds maritimes à demander l’accord du ministère avant de construire sur cette côte. Cela impliquerait donc de mener au cas par cas une étude beaucoup plus exigeante sur l’impact environnemental d’un éventuel projet de construction. Un tel soutien représente beaucoup d’espoirs pour les militants en faveur de la création d’un espace public à Dalieh. Ces derniers rappellent notamment le cas de la plage de Tyr qui a été classée réserve naturelle en vertu d’une loi proposée par le ministère de l’Environnement. La Campagne de Dalieh espère que grâce à ce concours et aux idées qui en émergeront, elle pourra s’adresser de manière plus concrète aux décideurs pour les convaincre de réserver une autre utilisation à ce lieu que l’exploitation du secteur privé. « Comme nous n’avons aucune légitimité sur ce lieu, il faut maintenant que l’État prenne la relève et qu’il se manifeste davantage pour faciliter notre combat », déclare Sarah Lili Yassine. La côte de Dalieh est un site unique à Beyrouth. Au fil des années, elle a d’ailleurs attiré de nombreuses compagnies qui tentent toujours de privatiser le bord de mer. La Campagne de Dalieh, consciente du potentiel écologique, archéologique et culturel de ce site, lutte depuis plus d’un an pour préserver cet espace ouvert à Beyrouth qui fait face à la très célèbre « grotte aux Pigeons ». Ce véritable théâtre naturel accueille chaque jour de nombreuses personnes le temps d’un pique-nique ou d’une balade en amoureux. (L’Orient Le Jour)

Publisher: Lebanese Company for Information & Studies
Editeur : Société Libanaise d'Information et d’Etudes
Rédacteur en chef : Hassan Moukalled


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