Des passionnés de plongée ont lancé en Ligurie, dans le nord-est de l’Italie, une expérimentation de culture sous-marine de basilic, dans l’espoir de pouvoir développer le concept et l’exporter vers les côtes arides du globe. «L’idée m’est venue parce que je voulais créer plus d’interaction entre la surface et la plongée», explique à l’AFP Sergio Gamberini, PDG d’Ocean Reef, société spécialisée dans les équipements de communication sous-marine. «J’ai choisi une activité typique de la ferme et je me suis dit: Pourquoi ne pas le faire sous l’eau?», ajoute-t-il.

Il tente d’abord l’expérience en plantant des graines dans une boîte en plastique sous un simple ballon, juste pour se faire une idée. Et voilà que ça germe et que ça pousse. Il lance alors «la ferme de Nemo», un projet plus complet qui entame sa quatrième saison à une centaine de mètres du rivage, au large du village de Noli. A 8 mètres de profondeur, trois cloches en plastique fixées au fond de l’eau offrent autant de bulles d’air dans lesquelles sont installés des bacs de terreau classiques. L’évaporation maintient un taux d’humidité de 80 à 90% sous les cloches, la condensation fournit l’eau douce nécessaire aux plantes, qui régénèrent elles-mêmes l’air de leur bulle grâce à la photosynthèse. Une plate-forme fixée sous chaque bulle permet aux plongeurs de s’y tenir debout, sans leur masque, pour travailler. L’expérimentation oblige à plonger chaque jour, même si un système de capteurs et de caméras est actuellement testé pour surveiller les cultures à distance. «Cultiver sous l’eau apporte surtout une stabilité thermique. La mer conserve la température, sans grande différence entre le jour et la nuit», explique Gianni Fontanesi, responsable de la gestion du projet. A cette profondeur, 60% de la lumière de la surface arrive encore aux plantes, «ce qui est largement suffisant», ajoute-t-il. Ces jours-ci, où l’eau est à 25°C, il fait 29°C dans ces serres singulières, naturellement protégées de tous les insectes et parasites qui gênent la croissance des plantes sur terre. Ligurie oblige, l’expérimentation a commencé avec du basilic, élément de base du célèbre pesto local, qui a poussé avec une densité de feuillage supérieure à la moyenne.
«La ferme de Nemo» a alors élargi l’expérience aux laitues et envisage de planter cet été des champignons, des tomates, des fraises et des haricots. Pour l’instant cependant, la concession à Noli ne permet de n’opérer que de juin à septembre. Le reste de l’année, «la ferme de Nemo» doit ranger l’intégralité de son matériel et laisser les fonds sous-marins en paix, même si M. Gamberini assure que les serres ne perturbent en rien l’écosystème. «A terme, cela pourrait être une solution pour les régions arides en bord de mer», qui ne disposent pas d’assez d’eau douce et où l’écart de températures entre le jour et la nuit est trop grand pour faire pousser des légumes, estime-t-il. A condition bien sûr d’obtenir des techniques et du matériel rendant ces cultures rentables. «Si la livre de laitue coûte trop cher, alors cela n’aura pas d’avenir», reconnaît-il. Gamberini n’est pas le seul à croire en son projet: le basilic sous-marin a été retenu comme l’une des 20 innovations mises en avant par l’Italie à l’Exposition universelle de Milan, consacrée au thème de l’alimentation.

Publisher: Lebanese Company for Information & Studies
Editeur : Société Libanaise d'Information et d’Etudes
Rédacteur en chef : Hassan Moukalled


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